A 5h30, Allagnan était déjà sur pieds et pendant qu’elle se pouponnait pour le bureau, son téléphone sonna, c’était Estelle, son assistante.
- Dis-moi, Estelle
- Bonjour, mademoiselle Lasme, comment allez-vous ?
- Je vais bien et vous ?
- Bien, merci ! Je vous appelle pour vous informer qu’une réunion extraordinaire se tiendra ce jour à 8h30, ordre du jour : présentation de nouveaux patrons du groupe, programme de la semaine et divers.
- C’est bien noté, merci ! A toute à l’heure.
Allagnan termina sa toilette, pris son petit déjeuner ramassa ses clés sur la commode et la voici partie pour le travail. Comme à son habitude, elle salua ses collègues en leur souhaitant une agréable journée. Puis, le sourire aux lèvres elle s’installa à son bureau. L’heure de la réunion arriva, son assistance vint la chercher.
Que ne fut sa surprise lorsqu’elle pénétra dans la salle de réunion, un visage connu qu’elle ne s’attendait vraiment pas à voir. Quelques minutes après, le président du groupe prit la parole, après avoir planté le décor, il entra dans le vif du sujet, présenta le nouveau venu et annonça à Allagnan qu’il occupait le même poste qu’elle et qu’elle devra travailler avec lui.
- Il en avait pour trois mois et à l’issue de cela, on choisira la personne habilitée à occuper de nouvelles fonctions dans l’entreprise, ajouta-t-il.
Allagnan acquiesça et souhaita la bienvenue au nouveau. Dans son for intérieur, elle se posait mille et une question. Qu’est-ce qu’il fait ici celui-là ? Il ne manquait plus qu’il me suive jusqu’ici, ce n’est vraiment pas de bol. Mais en bonne professionnelle, Allagnan garda le sourire. La réunion terminée, chacun rejoignît son bureau.Sur le chemin du sien, une voix dans son dos lui souffla à l’oreille,
- Heureuse de me revoir ? C’était, Christian, son compagnon de mariage et maintenant son collègue
- Non et d’ailleurs, que fais-tu ici ? lui demanda Allagnan horripilée
- Je travaille,
- J’espère ne pas t’avoir dans les pattes ?
- Hummmm ! Laisse-moi réfléchir…Non, malheureusement pour toi, vu que tu as la lourde tache de t’occuper de moi pendant trois mois. Je suis aux anges, pas toi ?
Allagnan leva les yeux aux ciels, elle appréhendait les trois prochains mois.
- Non, d’ailleurs, bonne journée. Mon assistante t’enverra tout ce que tu dois savoir par mail. Sur ce, bye !
Elle s’enferma dans son bureau. Christian, le sourire aux lèvres se dirigea vers son nouveau bureau. L’heure de la descente arrivée, il proposa à Allagnan de rentrer ensemble. Chose qu’elle refusa poliment. Allagnan s’empressa de rentrer pour appeler Mélaine et lui raconter sa journée.
- Allô ! Bonsoir ma chérie, je te manque déjà ?
- Arrête tes bêtises Mélaine, j’ai besoin de te parler
- vas-y, je suis toute ouïe
- Je te résume, Christian travaille avec moi
- Pardon ? Quel Christian ? Celui du mariage ? Le Christian ?
- Oui, ce Christian, là !
- Oooh, mais que je suis contente, c’est le destin ma chérie. Je te l’avais dit.
- Je pense que je n’aurais pas dû t’appeler. Au revoir !
- Attends ma chérie, pas si vite. Tu ne vois pas que c’est un signe ? pense-y !
- Toi et tes superstitions. Je cherchais un soutien mais apparemment avec toi c’est raté. Bye chérie, à plus.
- Bisous
Allagnan raccrocha le téléphone encore plus dépitée. Puis, elle se dit,
- Je vais essayer de le supporter c’est seulement pour trois mois.
Les jours passaient et même si Allagnan faisait l’indifférente, elle s’était habituée au cappuccino que lui rapportait Christian chaque matin, ses petits sourires et clin d’œil quand il se tenait à la porte de son bureau pour la chahuter.
Un matin, elle ne reçut pas de cappuccino, ni de sourire, ni de petite visite éclair à son bureau. Allagnan resta scotchée sur sa porte, attendant qu’il la franchisse, mais rien. De temps en temps elle jeta un coup d’œil du côté de la baie vitrée mais toujours rien. Elle se demandait bien où Christian était passé.
Quelques heures plus tard, elle le vit arriver en compagnie d’une ravissante jeune femme qui lui tenait le bras et lui en bon gentleman, il portait son sac. Elle lui chuchotait quelque chose à l’oreille et les deux éclatèrent de rire. Allagnan se dépêcha de tirer les stores pour ne plus assister à ce spectacle qui visiblement la mettait mal à l’aise.
- Toc, toc, c’était Christian. Il ouvrit légèrement la porte. Bonjour beauté, comment vas-tu ?
Allagnan ne répondit pas.
- Tu vas bien ?
- D’un signe de la tête, elle fit oui. Puis ajouta, tu peux refermer la porte derrière toi. Merci
Christian ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais étant habitué à ses constants refus, il se dit s’en est un de plus. Et s’en alla.
Quelques minutes après Estelle toqua à son bureau accompagnée de la femme qu’elle avait vu arriver avec Christian.
- Excusez-moi miss Lasme, je vous présente. Jessica Mamlan, expert-comptable, récemment affectée au service comptabilité, elle partage pour le moment le bureau de Monsieur Kouadou Christian.
Allagnan la scruta un instant, lui sourit en lui souhaitant la bienvenue
- Soyez la bienvenue, nous espérons que vous vous sentirez bien ici.
- Oui, avec Christian comme compagnon de bureau, tout ne peut qu’être parfait. Il est adorable. Ravie de vous avoir rencontré. Au plaisir, elle tourna les talons et s’en alla.
Les jours passaient, Jessica s’était plutôt bien intégrée puisque derrière son air désinvolte, elle était une grande bosseuse et maitrisait son domaine comme personne. Allagnan, voyait une autre elle, mais en peau claire et aux longs cheveux lisses qu’elle n’hésitait pas à laisser au vent.
Le courant ne passait pas vraiment entre elles et ce différend avait un nom mieux, avait un sex-appeal qui ne les laissaient pas indifférentes. Mais elles travaillaient de concert pour le bien de l’entreprise. A l’opposé d’Allagnan, Jessica faisait carrément du rentre-dedans à Christian et ne cachait à personne son attirance pour lui qui se voyait comme le nez au milieu de la figure. Comme elle avait maintenant une concurrente de taille, Allagnan, acceptait les invitations à déjeuner et à diner de Christian qui se réjouissait de ce revirement de situation. Les deux passaient de bons moments entre bureau, restaurant et salle de cinéma.
Malheureusement, le séjour de Christian tirait à sa fin. Le jour du départ, il vient s’asseoir tristement à son bureau. Allagnan était également triste. Elle voulait lui demander de rester mais elle n’eut pas le courage. De plus elle se disait que cela serait égoïste de sa part vu qu’il devait aussi travailler.
- Tu vas beaucoup me manquer, surtout tes sautes d’humeur, Allagnan
- C’est plutôt tes cappuccinos qui vont me manquer, lui répondit-elle. Dépêche-toi, tu vas rater ton vol.
Elle se leva pour l’accompagner. Christian, la prise par la hanche et posa un baiser chaud sur ses lèvres. Puis la pris dans ses bras. Et lui susurra à l’oreille,
- c’est pour ne pas que tu m’oublies
Allagnan resta tétanisée.C’était comme si elle avait reçu une décharge électrique. Ce baiser lui fit remonter tous ses sentiments à la surface.
Elle accompagna Christian à sa voiture, resta jusqu’à ce la voiture s’en alla, elle fit un signe de la main et rentra à son bureau. Allagnan ne pouvait plus retenir ses larmes qui se débattaient pour sortir. Allagnan rentra plus tôt que prévu. Pris quelques fruits et se coucha. Depuis le départ de Christian, les journées d’Allagnan étaient moroses. Elle faisait son travail bien comme d’habitude mais sans vraiment d’émotions, elle naturellement si joviale.Assise à son bureau, elle regardait par les stores, espérant le voir rentrer mais rien.
Un mois était passé, Allagnan n’arrivait toujours pas à chasser Christian de son esprit même si elle le souhaitait de tout son cœur. Un autre mois venait de s’écouler et Allagnan voulait se libérer l’esprit en faisant une excursion. Un jour, pendant qu’elle cherchait la carte de visite de l’entreprise de voyage pour se renseigner, elle tomba sur la carte de visite de Christian sur laquelle figurait l’adresse de son domicile de Londres où il avait été muté. Une idée brillante lui vint à l’esprit. Elle se demanda :
- Et si j’allais le rejoindre au lieu de faire une excursion quelque part dans la nature ? Aussitôt dit aussitôt fait. Elle appela Estelle,
- Oui Mademoiselle,
- Estelle tu peux me faire s’il-te-plaît une réservation et me prendre un billet d’avion pour Londres. Occupe-toi de cela au plus vite et quand c’est prêt tu me fais signe.
- Bien noté Mademoiselle, je vous laisse.
- Merci Estelle !
Les jours passaient et dans l’attente de son billet d’avion, Allagnan se demandait si elle avait pris la bonne décision, est-ce qu’il sera aussi enthousiaste qu’elle. Mais en bonne persévérante, elle balaya vite ces idées négatives de sa tête et allait faire du shopping. Le jour de son départ, elle était toute excitée comme une fillette devant des friandises. Assise dans l’avion, Allagnan imaginait tous les scénarios possibles. Arrivée à Londres, elle s’empressa de héler un taxi.
- Bonjour, conduisez-moi à cette adresse s’il-vous-plait.
- Attachez votre ceinture, c’est parti.
Après une vingtaine de minutes de route, le conducteur la déposa devant l’immeuble où réside Christian.
- Nous sommes arrivés
- Merci monsieur
Allagnan pris son sac, salua le concierge qui lui indiqua l’ascenseur, l’appartement de Christian se trouvait au 15è. En cinq minutes, Allagnan était devant l’appartement. Elle resta quelques minutes devant la porte son cœur battait la chamade. Elle aspira un bon coup et sonna à la porte.
- Un instant, s’il-vous-plait, Christian était sous la douche, il se rinça rapidement, attrapa sa serviette, la noua à la taille, enfila ses babouches et se dirigea vers la porte d’entrée, l’eau de rinçage ruisselait sur ses pectoraux et ses tablettes de chocolat qui n’attendaient qu’à être dévorés.
Il ouvrit la porte et se retrouva nez à nez avec Allagnan qui ne le quittait pas une seconde des yeux.
- Toi, ici, mais je rêve où quoi? Si c’est un rêve je n’ai pas envie de me réveiller
- Non tu ne rêves pas c’est bien moi. Je finis toujours ce que je commence. Je suis donc là pour achever ce qu’on a débuté et prendre possession de ce qui me revient.
- Tu es vraiment une lionne toi.
Christian tout heureux la serra dans ses bras et l’embrassa langoureusement…
FIN !