LES HOMMES DANS L’UNIVERS DES FEMMES

Dans un univers dominé par les femmes, notamment tout ce qui touche à leur plastique, ils ont réussi à se frayer un chemin. Mieux à s’imposer  dans ce métier, certes difficile, mais pourvoyeur d’emploi. Aujourd’hui, ils règnent en maître sur le marché de la beauté féminine ivoirienne et semblent avoir eu le secret pour rendre envoûtantes, ces femmes qu’ils côtoient au quotidien. Eux, ce sont ces hommes qui conjuguent leur activité au féminin et qui, à force de travail, ont réussi à conquérir le marché des tresses, des tatouages, des faux cils et qui sont devenus incontournables dans le secteur. Nous avons rencontré pour vous, Elzy, “poseur” de rajout de cils au marché Cocovico de Cocody-Angré.

Installé sur un banc de fortune sur lequel sont disposés un mini -pince, un paquet de coton-tige  et un liquide noirâtre dans un pot communément appelé “produit de tatouage’’, Kouakou Kra alias ‘’Elzy’’ fait partie de ces hommes pour qui le métier de faux cils, tatouage, rajout de cils  n’a plus de secret.

Du haut de ses 1m 70, soutenus  par un corps svelte et des dreads locks, c’est le sourire aux lèvres, qu’Elzy côtoie au quotidien,  la gente féminine. Entre deux, trois clientes, il nous livre les secrets de son activité.

Vendeur de friperies à la base, Elzy s’est vite mué en”poseur” de faux cils, rajout de cils et tatouage, lorsqu’il a pris conscience de la rentabilité de ce métier.Depuis il s’y met à fond. On peut l’observer dans un mouvement mi- circulaire. Comme un dessinateur, le pinceau à la main, Elzy exécute avec précision les contours des sourcils afin de faire ressortir l’arcade sourcilière de la cliente qui, les yeux fermés, lui laisse libre court à son imagination.

Elzy adore ce métier parce qu’il lui permet, de percevoir directement  son  dû après une journée de travail. C’est la raison principale pour laquelle, il  s’est  lancé dans le rajout de cils.  Il affirme d’ailleurs que ce métier nourrit son homme, puisqu’il gagne en moyenne 20.000 FCFA comme recette journalière à raison  de 500f CFA pour un rajout de cils ou tatouage et de 1000f CFA et plus pour les faux cils, selon la nature des cils à poser.

Elzy reçoit au quotidien plus d’une trentaine de clientes pendant les jours ordinaires. Chiffre qui est nettement en hausse à l’occasion des fêtes ou événements, dont souvent la recette journalière s’élève à plus de 50 .000  FCFA.

Pour les amoureux des calculs, l’addition est vite faite, un revenu mensuel qui s’élève à environ 600 000 Fcfa, de quoi donner des envies.

Et pourtant, ce métier, Elzy l’a appris sur le tas, il y’a de cela 06 mois.

Aujourd’hui, il manie avec aisance son mini-pince et sa précision fait de lui, l’un des meilleurs du marché. Pour preuve, les clientes  se bousculent à  son “bureau” qui ne désemplit jamais. Ce qui n’est  pas fait pour déplaire à notre interlocuteur.

Toutefois, comme dans tout métier, “notre artiste”, est aussi confronté à des difficultés, au nombre desquelles, le caractère  exacerbant de quelques clientes. Pour les surmonter, Elzy recommande toujours le “self control accompagné d’un brin d’humour” pour gagner le cœur de la gente féminine !

Autre chose,  le regard de la société sur lui. Elzy nous confie que les hommes qui pratiquent ce métier, sont la plupart du temps, considérés comme des homosexuels, ce qui n’est pas toujours le cas.

Cependant, Elzy affirme que rien ne peut le décourager. C’est fort de cela, qu’il invite toute personne en quête d’une activité rentable,à faire comme lui, vu que ce métier offre une stabilité financière et ce, en un temps record.

Pour lui, avec de la volonté et un peu de talent, il est possible de se faire un nom et prospérer dans cet univers. D’ailleurs, Elzy n’a qu’une maxime à la bouche : “Celui qui veut de l’argent rapide, doit exercer ce métier”.

 

Par Marina Konan / Hermann Kouassi