Madame Hélène Ayo : « pour réussir, il faut travailler »

Dame de fer, rigoureuse dans le travail, madame Hélène Ayo épouse Mel a su récupérer le petit commerce de sa mère pour en faire, une entreprise génératrice de revenus. Hélène n’a pas hésité à troquer sa casquette de diplômée, malgré toutes les opportunités qui s’offraient à elle, contre celle de restauratrice. Ses efforts seront récompensés par plusieurs prix dont ceux reçus lors de la nuit de la femme africaine en 2009 et du Létagonin en 2013. Des projets grands la tête avec la foi qu’un jour, elle y arrivera, Hélène a fait des restaurants « chez Tantie Alice », le numéro un de la vente de l’attiéké-poisson en Côte d’Ivoire et cela dure 40 ans.

1-LES RESTAURANTS “CHEZ TANTIE ALICE”’ C’EST 40 ANS D’EXPÉRIENCE ET D’EXISTENCE, QUELS EN SONT LES SECRETS ?

Il n’y a pas de secret en tant que tel. Je dirai que c’est par amour ! Nous sommes une famille passionnée de cuisine et c’est la qualité des produits que nous offrons à nos clients, qui fait notre force.

 

2- QUELLES ONT ÉTÉ VOS MOTIVATIONS AU MOMENT OU VOUS DEVRIEZ FAIRE LE CHOIX ENTRE LA RESTAURATION ET VOTRE CARRIÈRE ACADÉMIQUE ?

J’ai un BAC D, j’ai un diplôme en informatique et je suis sortie major de ma promotion à l’OIC. L’OIC m’avait trouvé un stage, et comme j’avais déjà appris à faire la cuisine auprès de ma mère, à la suivre dans son activité, j’ai donc opté pour la restauration parce que je suis née et j’ai grandi dans l’activité. Surtout qu’à tout moment ma mère avait besoin de moi. ‘’Hélène vient, je vais à des funérailles, vient me remplacer ‘’. J’ai tout appris auprès d’elle. Ce n’est pas que je n’avais pas d’opportunité. J’en ai eu pour rentrer à l’INJS, pour être maître de sport mais j’ai refusé tout cela. Toutes mes amies allaient en Europe, je pouvais y aller comme elles, mais j’ai préféré rester dans la restauration.

 

3- EN CÔTE D’IVOIRE, LA SPÉCIALISTE ATTIÉKÉ-POISSON EST CONNUE DE TOUS ET BON NOMBRE DE FEMMES S’ADONNENT A SA VENTE. MAIS, MME HÉLÈNE AYO RESTE UNE RÉFÉRENCE EN LA MATIÈRE, QUELLES QUALITÉS DÉVELOPPE-T-ELLE ?

Oui, tout le monde vend l’Attiéké. Et je dirai que l’Attiéké poisson, est un mets de chez nous, originaire du Sud de la Côte d’Ivoire, Dabou plus précisément. Donc c’est notre mets quotidien. La particularité de nos produits, réside dans la fraicheur de ceux-ci ; l’Attiéké est frais, le poisson est frais, les assaisonnements sont vraiment bien fais.

 

4-QUELLES SONT LES VALEURS MISES EN AVANT DANS LA GESTION DE VOTRE BUSINESS ?

C’est toujours nos produits que nous vendons ! Parce que si le client n’est pas satisfait, il ne revient pas. C’est la prestation qu’on leur présente. C’est surtout ça. La prestation, l’accueil, le sourire…toute cette mise en place. Il y’a aussi la rigueur dans le travail, ça je ne badine pas. Comme la RTI a eu à le dire, c’est une femme rigoureuse ce n’est pas faux ! Pendant le boulot, ça je ne joue pas. Apres le boulot, on peut s’amuser, mais pas pendant que les clients sont là. Je suis arrivée et tout le monde est présent parce qu’ils savent que si je viens et que je trouve quelque chose d’anormal, je vais manifester un mécontentement.

 

5- COMMENT MME HELENE EST–ELLE PARVENUE A FRUCTIFIER CE BUSINES FAMILIAL ?

J’ai toujours dit que Tantie Alice, c’est le Numéro 1 de la vente d’Attiéké- poisson à Abidjan. C’est nous qui avons pris le risque à Abidjan de griller les poissons en entier. Et je me suis dit, rester à un seul endroit ne fera pas l’affaire. Il faut utiliser le label « Chez Tantie Alice ». En 2008, j’ai voulu m’installer à Angré, mais j’ai été découragée à cette époque. Ainsi je me suis dis, je vais aller commencer par Bassam. Parce que Bassam est une ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Déjà, je commence par Bassam et puis après, essayer de voir comment installer aussi le label dans les différents quartiers d’Abidjan. Parce qu’Abidjan est devenu grand ! Abidjan s’étend vers Bingerville. C’est en 2017 que j’ai eu la place ici à la palmeraie et j’ai ouvert. Cependant, je ne compte pas rester ici, il faut qu’il y ait Tantie Alice au moins dans chaque commune d’Abidjan. J’envisage explorer l’intérieur du pays précisément, Yamoussoukro. J’y pense vraiment et que Dieu me donne cette force, c’est la prière que je lui adresse à tout moment.

 

6. CHEZ TANTIE ALICE, EXISTE-T-IL D’AUTRES METS QUE L’ATTIÉKÉ PROPOSÉ AUX CLIENTS ?

Oui ! Un étranger qui vient en Côte d’Ivoire, il vient manger chez Tantie Alice, il va trouver du placali, de l’attiéké, de la soupe du pêcheur, du foufou… La nourriture de chez Tantie Alice c’est aussi les mets béninois.

Mon objectif aujourd’hui, c’est de trouver une grande villa et y faire un grand restaurant vraiment classe.

 

7- À CELLES QUI VOUDRONT FAIRE COMME VOUS, C’EST-À-DIRE ENTREPRENDRE, QUELS CONSEILS LEUR DONNEREZ-VOUS ?

Je dirai que pour réussir, il faut travailler, ce n’est pas seulement la prière. Il y a la prière mais il y a le travail. Et je dirai aussi pour réussir dans l’activité, il faut aimer la chose ; si tu n’aimes pas, tu ne peux pas. On ne peut pas ouvrir un restaurant et puis mettre des gens dedans. Si toi-même tu ne mets pas la main à la pâte, cela ne peut pas marcher.

 

8. CHEZ TANTIE ALICE, C’EST UNE CHAÎNE DE RESTAURANTS À ABIDJAN, ET À GRAND-BASSAM, COMMENT ARRIVEZ-VOUS À LES GÉRER ?

Les restaurants “chez Tantie Alice”, c’est une entreprise familiale dont je suis la directrice. Chaque membre doit comprendre que si tu ne te donnes pas à fond dans ce que tu fais et que ça tombe, ce n’est pas bon pour nous tous. Donc nous sommes obligés de travailler ensemble. C’est vrai qu’aujourd’hui je suis à la Palmeraie, ma sœur est à Marcory, mon frère est à Bassam mais c’est la communication, l’entente qui nous permettent d’aller de l’avant puisque c’est la même entreprise, ce n’est pas une concurrence.

 

9. QUE PENSEZ-VOUS DE L’ENTREPRENEURIAT FÉMININ EN CÔTE D’IVOIRE ?

Je dirai à toutes les femmes surtout à la nouvelle génération qu’une femme ne doit pas tendre la main. Une femme doit travailler, une femme doit émerger, et que toutes les femmes doivent se mettre ensemble pour valoriser tout ce que nous faisons. Il n’y a pas de sot métier. Si tu fais une activité, que tu gagnes de l’argent, c’est ton boulot, tu dois le prendre au sérieux. Donc toutes les femmes doivent se lever pour se comporter comme les hommes. Elles doivent avoir les caractères d’hommes. On n’est pas là pour être des femmes au foyer seulement. Toutes les femmes doivent se lever pour qu’on aille de l’avant. Dans tous les postes, il faut que les femmes soient les premières. Nous avons assez vu les hommes occuper les grands postes. Aujourd’hui, les femmes doivent occuper les grands postes et c’est l’émergence jusqu’en 2020, nous devons être dans le premier bateau et à la première place.

 

10. SI VOUS ÉTIEZ UNE FÉLINE, LAQUELLE SEREZ-VOUS ?

La panthère ! J’en ai même les yeux. Rires

 

Marina KONAN / Virginie KOSSONOU