MADAME RAMATA GRAH : “Il faut que tout le monde entreprenne”

Elle est passionnée de cuisine depuis sa plus tendre enfance et comme du rêve à la réalité il n’existe qu’un pas, Ramata GRAH s’est donné les moyens d’y arriver. Aujourd’hui, cette Juriste d’entreprise est propriétaire du restaurant « Le Toit d’Attoban » qui fait sa fierté. Pour Madame GRAH, tout le monde doit entreprendre surtout les femmes, car cela représente un moyen de s’assumer et de s’assurer une autonomie financière.

VOUS ETES JURISTE, RESTAURATRICE, PRESIDENTE D’UNE ONG D’ENVIRONNEMENT… COMMENT ORGANISEZ–VOUS TOUTES CES ACTIVITES POUR UN MEILLEUR RENDU ?

Je dirai que tout est question d’organisation. Il faut noter qu’en plus des activités professionnelles et sociales il y’a la vie de famille avec les enfants etc. il faut donc avoir un planning qu’on doit s’efforcer de suivre. A défaut, on reporte au lendemain tout ce qu’on n’a pas pu faire jusqu’à atteindre nos objectifs.

MALGRE LES DIFFICULTES, VOUS CONTINUEZ, QU’EST–CE QUI VOUS DONNE CETTE ENERGIE POUR ALLER DE L’AVANT ?

J’avoue que j’ai toujours été active depuis mon enfance. Il m’est difficile de comprendre qu’on puisse s’asseoir et se tourner les pouces alors qu’il y’a tellement de choses à faire. Si nous voulons sortir nos pays de la pauvreté, il nous faut absolument nous battre et moi, je suis une afro-optimiste. Je reste convaincue que par le sérieux de notre travail et notre engagement, nous atteindrons cette qualité de vie que malheureusement, nos enfants partent chercher en occident en se tuant dans les eaux glaciales de la méditerranée.

PENSEZ-VOUS QUE L’ENTREPRENARIAT PEUT AIDER LES FEMMES A S’ASSURER UNE AUTONOMIE ?

Bien sûr ! Regardez sans fanfaronnade, je suis Superviseur Juridique dans une entreprise pétrolière de la place, j’aurais pu me contenter de mon salaire de cadre et vivre tranquillement. Je me dis qu’il faut aller au-delà pour assurer le meilleur à nos enfants, et si en plus cela permet de créer des emplois, tant mieux !

J’emploie une quinzaine de personnes qui travaillent dans mes différentes activités. Ils sont correctement payés et arrivent à subvenir aux besoins de leurs familles. C’est une fierté pour moi. Il faut que tout le monde entreprenne.

TOUT LE MONDE PEUT-IL ENTREPRENDRE ?

Oui, tout le monde peut entreprendre. Pour la femme, je dis que c’est une question de volonté, peut être d’éducation, parce que quand on fait croire à la jeune fille que sa vie, ses projets, c’est d’avoir un foyer, un mari, rester assise et se faire entretenir. Elle grandit avec cette idée et toute sa vie elle va chercher un mari pour « s’occuper d’elle ». Aujourd’hui, la réalité est toute autre. Les hommes ont besoin de femmes sur qui s’appuyer pour se réaliser. La vie est tellement compliquée, il faut que chacun mette la main à la pâte. Créer un petit commerce d’arachide c’est entreprendre !

SELON VOUS, QU’EST-CE QUI FAIT QUE NOMBRE D’ENTREPRENEURS ABANDONNENT EN COURS DE ROUTE ?

J’ai compris au-delà des grandes théories que l’on apprend dans les écoles de commerce ou lors des cours d’entrepreneuriat, que la réalité est toute autre. Il est important pour les structures qui soutiennent l’entreprenariat, d’éviter de faire croire aux gens que c’est un exercice facile.

Il faut leur faire comprendre que c’est difficile et qu’à tout moment on peut se casser la figure, mais qu’il ne faut surtout pas se décourager.

C’est donc un véritable travail psychologique, un coaching mental primordial à mon sens qu’il faut enseigner d’abord. Ensuite, il faut former les entrepreneurs à la gestion afin qu’ils puissent mieux faire face aux difficultés quand elles surviennent.
Enfin, mettre en place des structures d’accompagnement pour la gestion de leur entreprise.

QUELLE EST L’HISTOIRE DU « TOIT D’ATTOBAN » ? POURQUOI CE PSEUDONYME ?

Depuis étudiante, je rêvais d’avoir un restaurant quel que soit le métier que j’embrassais après mes études de droit. Pendant des années j’ai cherché un local assez spacieux dans la commune de Cocody où je vis et cela n’a pas été possible. Puis un soir de forte chaleur, je suis montée prendre l’air sur la dalle de l’immeuble où habite ma mère à la Riviera Attoban, et là surprise ! Attoban étant en hauteur, j’ai eu une vue imprenable sur pratiquement tout Abidjan. De Bingerville à l’aéroport en passant par le Plateau, Marcory, Vridi, c’était simplement magnifique ! Je venais de trouver mon restaurant. Le nom « Toit d’Attoban » a été inspiré par un agent commercial d’une entreprise de la place que j’avais alors sollicité pour l’aménagement, et c’était à propos.

DES RESTAURANTS, IL EN EXISTE UNE PLEIADE A ABIDJAN, COMMENT TIREZ VOUS VOTRE EPINGLE DU JEU ?

Aujourd’hui, nous sommes dans un monde très concurrentiel pour toutes les activités. Il faut donc pouvoir offrir le meilleur aux clients si l’on veut rester dans la course, et c’est à cela que nous nous activons.

Ce sont les grillades qui ont d’abord fait notre réputation avec nos épices spéciales, et elles sont toujours en tête de notre menu. Ensuite, nous avons diversifié en tenant compte des habitudes alimentaires des ivoiriens en général. Ainsi, nous leur offrons des mets locaux tels que le placali, le riz au soumbara, le fonio, le gouagouassou, le kédjénou etc. avec en plus des produits sains et frais (poisson d’eau douce, pintade bio, poulet bicyclette, escargot, agouti etc.).

Et depuis quelques mois, nous nous sommes aussi inscrits dans le e.commerce avec GLOVO qui nous permet de toucher un plus grand nombre de clients jusque tard dans la soirée, cela a vraiment boosté notre chiffre d’affaires.

LE COURAGE, LA PERSEVERANCE, L’ORGANISATION, L’ALTRUISME, LE DYNAMISME, LA TEMERITE, QUELS MOTS VOUS REPRESENTENT LE MIEUX ?

La persévérance, le courage, le dynamisme et j’ajouterai la foi ! la foi en Dieu qui est un puissant socle pour moi. Elle me permet de ne pas baisser les bras, de croire en la vie, de croire en la réussite.

En général on a tendance à voir le verre à moitié vide. Moi je vois toujours l’autre moitié pleine du verre. Je tire une leçon de chacun de mes échecs, je me relève et je continue. C’est cela mon secret.

QUEL EST VOTRE PLUS GRAND REGRET ET VOTRE PLUS GRANDE SATISFACTION DANS CE QUE VOUS FAITES ?

Mon regret, c’est le manque de personnel qualifié pour ce métier, mais surtout le manque d’ambition et de volonté de nos jeunes frères et sœurs. Beaucoup d’entre eux aiment la facilité et ne viennent travailler parfois que pour avoir juste un peu de sous pour les fêtes alors qu’ils ont la possibilité d’en faire un métier et en vivre décemment. Je peux affirmer que c’est l’une des grosses plaies de l’entrepreneuriat aujourd’hui dans notre pays.

Ma plus grande satisfaction est de faire quelque chose que j’aime passionnément en plus de mon métier de Juriste que j’aime profondément. Aujourd’hui une dizaine de braves dames arrivent à payer la scolarité de leurs enfants, à s’occuper d’elles-mêmes et à prendre en charge leurs familles, il n’ya pas plus gratifiant.

QUELS SONT LES CONSEILS QUE VOUS POUVEZ DONNER A LA JEUNE GENERATION MONTANTE D’ENTREPRENEURS ?

Créer de la valeur, créer de la richesse n’est pas aisé. Il faut avoir de l’ambition et la volonté de changer sa vie positivement. S’armer de courage et se dire qu’on peut devenir un modèle pour la société. En un mot, il faut être PERSEVERANT. Tout le reste viendra à vous !

LES PROJETS DU « TOIT D’ATTOBAN » POUR LES FETES DE FIN D’ANNEE A VENIR ?

De belles choses. Comme chaque année, le « Toit d’Attoban » organisera le grand Barbecue de Noël le 22 décembre. Ce sera donc une soirée grillades à gogo !

Pour la Saint-Sylvestre, nous organiserons un diner et les clients pourront profiter de la vue magnifique des feux d’artifice sur toute la ville. Nous invitons donc tout le monde à venir en famille ou en couple au « Toit d’Attoban » pour les fêtes de fin d’année 2019.

QUELLE FELINE ETES VOUS ?

Une lionne, car je suis tout le temps à la poursuite de nouveaux challenges pour me faire plaisir et faire également plaisir à ma famille et à mon entourage.

Larissa DAGBA