Quels sont vos domaines d’activités ? Et, laquelle de ses activités vous caractérise le plus ?
Le commerce, la gestion du marché, la municipalité, etc. Je travaille avec des ONG nationales comme internationales. Je viens de finir une activité avec l’ONG FOSCAO qui m’a sollicitée pour un panel à Abobo où j’ai partagé mon expérience personnelle. J’ai aussi travaillé avec VERBATIMS, ONG belge pour la prévention des conflits communautaires et « Cœur d’espoir », un appui aux femmes entreprenantes. J’ai eu, également, à travailler avec tous les directeurs des services d’Anyama, avec le député et les chefs du village dans la cadre de la coordination Usaid. Un projet pour veiller sur l’amélioration des domaines tels que la Santé, l’Education et la Sécurité dans la localité d’Anyama. J’aime tout ce que je fais. Surtout l’être humain. J’aime donner et quand je vois mon semblable sourire, je suis satisfaite.
En tant que propriétaire de marché, comment appréciez-vous l’employabilité des femmes dans ce secteur d’activité?
J’ai de bons retours. Il y’a des femmes qui sont parties de rien. D’autres, qui ont commencé avec 3 000F CFA comme fonds de commerce. Aujourd’hui, celles-ci demandent des prêts de 500 000Fcfa avec la banque et remboursent normalement. Ce n’est pas le cas pour toutes. Mais, il y a des femmes qui sont là et qui font ma fierté.
Comment parvenez-vous à vous faire accompagner par des financements avec les banques ?
Ma crédibilité. Je suis avec la Coopec depuis quatre ans. J’ai commencé avec FAFCI, le fonds de la Première Dame où je suis partie avec une cinquantaine de femmes. J’ai tellement donné un bon exemple que lorsque les gérants s’en vont et les nouveaux arrivent, ils reviennent toujours vers moi. Il y a eu des moments où les femmes ne payaient plus. J’étais vraiment découragée et je ne voulais plus travailler avec elles. Il y a une gérante qui est venue me dire : « tu es vraiment courageuse, je ne peux pas te laisser tomber, envoie-moi quelques femmes ». C’est ainsi que j’ai envoyé quelques femmes. Dieu merci, ces femmes ont payé normalement. Aujourd’hui, j’ai environ 50 femmes là-bas qui prennent des crédits d’environ 1 million de FCFA. Lorsqu’il y a de petits retards, j’encaisse moi-même. C’est cette confiance qui a fait que je suis rentrée dans le Conseil d’Administration de cette banque.
Parlez-nous de vos engagements en tant que militante pour l’autonomisation de la femme ?
Franchement. J’ai appris dans la vie qu’on ne peut compter que sur soi. Parce que j’ai eu des problèmes où je n’ai pas été assistée. J’ai eu la chance de tomber sur un homme qui a les moyens. Au lieu de toujours lui demander de l’argent, pourquoi ne pas me lever pour chercher mon argent ? Quand j’ai été présidente des femmes, au début, il n’était pas d’accord. J’avais vraiment mal au cœur. J’ai été fouettée dans mon orgueil. C’est ce qui m’a poussé à me prendre en charge et aujourd’hui, je dis merci à Dieu.
Vous êtes Conseillère municipale : Comment arrivez-vous à allier vie familiale et vie professionnelle ?
Comme je l’ai dit, pour moi, c’est une grâce de Dieu. Tout cet engagement n’a pas agi sur ma famille. Les enfants vont bien. La preuve, ma deuxième vient d’avoir le Bac série scientifique. Je suis humaine de nature. Ce qui fait que j’ai pu inculquer cette valeur à mes enfants. Je suis l’amie de mes enfants. Malgré mon emploi du temps chargé, je ne les néglige jamais. La rigueur est de mise à la maison.
Le bon profil de la femme entrepreneure selon Madame Timité Mariam
Moi, je dis qu’une femme entreprenante doit d’abord être ambitieuse. Parce que quand tu n’es pas ambitieux dans la vie, tu ne peux pas entreprendre. Tout ce qu’on entreprend, c’est avec des risques. Il faut se dire que, “qui ne risque rien n’a jamais rien” et croire en ce qu’on fait. Surtout ne pas se décourager. Même quand ça ne marche pas.
Quel bilan faites-vous de l’entrepreneuriat féminin en Côte d’Ivoire ?
Il faut dire qu’aujourd’hui, les femmes se sont réveillées, comparativement aux années antérieures. L’on note une avancée notable. Elles savent que pour garder son homme à la maison, il faut être une femme autonome. Pour être une femme au foyer, il faut être une femme autonome. Aucun homme n’aime avoir de charges et cela les femmes l’ont compris.
Quels conseils pouvez-vous donner aux femmes qui ont peur d’entreprendre ?
Je dis aux femmes, si elles veulent être de belles femmes, elles doivent d’abord être autonomes. Quand une femme est autonome, elle est toujours jolie, parce qu’elle paie ce qu’elle veut. Elle s’habille comme elle veut. Les femmes du quartier m’appellent : “PRESI CHOCO”. Parce que je suis toujours « choco »(toujours bien mise). Si elles veulent être respectées dans leurs foyers, qu’elles cherchent à être entreprenantes. N’ayez pas peur. On tombe, on se relève, mais on reste toujours debout. C’est ça, la femme entreprenante.
Si vous étiez une féline à laquelle ressembleriez vous ? (Lionne, Tigresse, panthère…)
Je suis une lionne. Le lion est le roi de la forêt. Je suis la reine de mon quartier. Et une reine, encadre tout le monde. Elle accepte tout le monde. Elle encourage tout le monde. J’aime le partage, l’humanisme et beaucoup d’amour.
Votre mot de fin ?
Je voudrais remercier particulièrement le Maire d’Anyama, Amidou Sylla, pour son aide et son soutien indéfectible. C’est lui qui m’a cédée le site pour le marché et m’a acceptée au sein de son conseil municipal pour défendre la cause des femmes. Merci à tous ceux qui m’ont soutenue. Merci à ma Famille, à mes amis et surtout aux femmes Emergentes qui ont placé leur confiance en moi. Je tiens à leur dire que je serai toujours là pour les soutenir.