Mme BABILY SANGARÉ MADA :”Défi égale Femme”

Elle fait partie de ces femmes dont la vie fait rêver. Mais, pour arriver à cette vie, elle a rêvé et s’est donné les moyens d’y arriver. Pour elle, la femme est capable de soulever des montagnes. Il lui faut juste de la persévérance, de l’humilité et souvent un coup de pouce. Madame Babily Sangaré Mada, femme politique, femme d’affaires et femme au grand cœur s’est ouverte à Féline pour partager sa vie d’entrepreneure. Que d’enseignements, que de conseils, toujours avec le sourire et une expérience qui servira sans nul doute à toutes celles qui veulent entreprendre ou ont du mal à s’y mettre.

Comment se décrit Mme Babily Sangaré Mada en trois mots?

Ambitieuse, disponible et rigoureuse.

En Afrique, être entrepreneure et faire la politique, cela va-t-il de pair ?

Si je vous dis non, je me dédie. Parce que je suis d’abord africaine, entrepreneure et je suis femme politique. Mais ce n’est pas évident, car l’entrepreneuriat est une chose. La politique en est une autre. Ces deux choses peuvent aller ensemble si le sacrifice est immense. Alors qu’en général, la femme n’est pas trop sacrifice. Donc, quand on s’adonne à l’une d’entre elles, il y’a forcément une qui va descendre au profit de l’autre. À vouloir tout faire, on ne fait rien. Le tout, c’est d’apprendre et avoir les personnes qu’il faut, pour déléguer les taches. Sinon, ce n’est pas toujours évident. Mais, c’est possible.

Selon vous, quels sont les caractères d’un bon entrepreneur ?

Un bon entrepreneur, c’est celui qui rêve grand, après son rêve, il conçoit. Il y’a des gens qui rêvent et continuent dans leur sommeil, chose à proscrire. Il faut rêver grand, concevoir, réaliser et persévérer dans ses réalisations, car dans la vie , on gagne ou on apprend toujours, on ne perd jamais.

Récemment vous avez contribué au projet de l’autonomisation des femmes dans le secteur du vivrier, quelles sont vos motivations ?

Il faut dire que j’ai un combat noble. Aujourd’hui, je suis membre d’une ONG dénommé Groupe d’organisation féminine, pour l’égalité homme et femme(GOFEHF).On parle de parité. Une notion qui permet de s’assumer en tant que femme. Tout le monde n’a pas cette chance de se lever, d’être audacieuse et de s’assumer. Mais dans la vie d’une femme, elle a besoin d’un coup de pouce. Dans le secteur du vivrier, quand vous voyez ces femmes qui nous font vivre et triment pour y arriver. Elles méritent un coup de pouce. Ce sont ces femmes qui sont dans les champs et ont la paume dure. Elles sont souvent marginalisées. Pourtant, elles sont les plus importantes dans la société. Et mon combat, aujourd’hui, dans le leadership féminin, c’est d’emmener une femme de rien du tout à devenir quelqu’un.

Quelles actions avez-vous menées jusque-là ?

J’étais au Nord, dans la région de Bagoué, récemment, là-bas, il y’a plus de 600 femmes qui n’ont pour activité que la terre. Elles n’ont pas besoin de grandes choses, juste de l’engrais et des semences. J’étais là-bas au nom de mon parti politique. Je leur ai remis de petits fonds, le minimum, afin de mener leur activité vivrière, sans stress.

En début d’année, vous avez reçu une distinction, pouvez-vous nous en dire plus ?

J’ai reçu plusieurs distinctions. À l’OIDH, j’ai été désignée meilleure panéliste et j’ai eu un trophée. Au Gabon, j’ai été, également, meilleure paneliste sur le thème du « leadership et la Femme gagnante » et bien d’autres.

Comment parvenez-vous à concilier vie politique, vie privée et affaires ?

Arriver à le faire, on appelle cela le triangle de vie. Le social, le professionnel et la vie personnelle. Quand tu ne réussis pas cela, le triangle reste ouvert et cela ne fait pas une femme équilibrée. Le but, c’est de savoir dissocier les choses, se donner le temps, se faire confiance. Il faut que les femmes sachent qu’elles doivent apprendre à être humble, à se cultiver et se former. Même dans le foyer, quand on n’a pas la chance d’avoir une bonne éducation, on apprend à être une bonne épouse. Savoir faire la part des choses, forcement tu arrives à quelque chose, que ce soit moyen ou grand. Je n’aime pas les petites choses, je rêve grand et j’aime les grandes choses.

Avez-vous d’autres activités, si oui ? Lesquelles ?

Bien évidemment ! Je suis chef d’entreprise et j’accompagne mon mari dans l’entreprise. Nous sommes des personnes politiques. Je suis la deuxième femme secrétaire générale d’un parti politique en Côte d’Ivoire. Mon époux et moi, sommes promoteurs immobiliers (800 logements). Il construit et je vends. À côté, je fais du commerce, l’achat et la vente de marchandises.

Quelle est votre perception de l’entrepreneuriat féminin en Côte d’Ivoire aujourd’hui?

L’entreprenariat féminin n’est pas encore à l’ordre du jour parce que, ce n’est pas la faute aux femmes. C’est le système qu’il faut revoir. Il faut que les femmes acceptent aujourd’hui de s’intéresser à l’entrepreneuriat. Quand tu t’intéresses à quelque chose, tu essaies de t’insérer et tu apprends. L’entrepreneuriat, c’est un challenge, c’est un défi général, que les femmes n’aient pas peur de le relever. Moi, je dis que défi égale Femme. La femme réussit plus d’un défi, quand elle s’implique. Vous savez, les hommes ont une facilité à faire confiance aux femmes. Si quelqu’un donne un marché à une femme, c’est parce qu’il se dit qu’elle va avoir l’amabilité de respecter ce marché. Car, la femme a une dignité et a peur d’aller en prison. L’entrepreneuriat féminin, c’est possible on peut y réussir. Et j’incite les jeunes filles à l’entreprenariat. L’entreprenariat, ce n’est pas seulement être dans un bureau et construire de grands bâtiments ; même vendre des oranges, c’est aussi l’entrepreneuriat. Il suffit de savoir vendre, comment vendre et bien vendre.

S’il vous était demandé d’offrir un cocktail de réussite aux jeunes femmes, de quoi serait-il composé ?

Pour un cocktail, il faut s’apprêter à prendre dix mélanges de beaux fruits. Il y a d’abord le talent, il faut que les jeunes filles sachent que chacune d’entre elle est née avec un talent. La femme est hyper intelligente. Avec ce talent, la femme doit accepter de sortir des compétences. Accepter de se former, de se cultiver. Par la suite, avoir confiance en soi, être audacieuse, avoir de la volonté et surtout persévérer. Ce talent est composé de ce qu’on fait. Croire en Dieu, croire en soi, persévérer et savoir choisir les gens qui vous entourent. Surtout, éviter tout ce qui peut vous tirer vers le bas.

À laquelle des félines, vous identifiez-vous? (Tigresse, Lionne, Chat, Lynx, …) ?

La Tigresse a un joli corps, ce qui fait allusion à la « coquetterie » et une grande allure, quand elle marche. Elle est souvent inoffensive, quand elle n’est pas attaquée sur son territoire. Ce qui signifie qu’il faut tout accepter sauf qu’on te gêne dans ta dignité. Si ce n’est pas le cas, je sors les griffes et le caractère de la tigresse, bien- sûr (rire).

Marina KONAN