Madame MONIQUE KAKOU : “Il faut toujours mettre en œuvre ce qu’on dit”

Elégante, féminine, à la tenue impeccable et à l’allure déterminée ;
On ne saurait lui donner un âge. Son sérieux témoigne de sa longue expérience, dans la vie comme en affaires, son dynamisme est celui d’une femme qui est restée jeune dans son corps et dans sa tête.
Monique Kakou force le respect. Après avoir mené une carrière de Responsable Commerciale pour une entreprise de la place, s’être impliquée dans de multiples responsabilités au plan économique et social, elle se consacre aujourd’hui à ses projets personnels à travers son entreprise Ovation Plus ; une entreprise d’évènementiel et de Marketing opérationnel dont elle est la directrice générale.
Ce parcours long comme le bras, Monique ne le doit qu’à sa témérité.
Au moment de « démarrer dans la vie », elle a fait le pari de l’entrepreneuriat pour assurer sa liberté.
Madame Monique Kakou est une adepte du « faire ce qu’on dit » et surtout du travail bien fait. Elle partage avec vous, chères félines son expérience avec à la clé, de précieux conseils pour réussir dans l’entrepreneuriat.

QUI EST MADAME MONIQUE KAKOU ?

Je suis Madame Monique Kakou née Larosse.
Je suis issue d’une famille recomposée de 9 enfants.
J’ai 53 ans, mariée, mère de deux enfants.
Je suis titulaire d’une Maitrise en Sciences économique obtenue à l’Université d’Abidjan et Directrice générale de l’agence Ovations Plus, créée depuis 2008.

D’OU EST PARTIE VOTRE AVENTURE ENTREPRENEURIALE ?

 Je me suis engagée dans l’entrepreneuriat depuis de longues années, je suis une « serial entrepreneure ».
Ce qui compte le plus à mes yeux, c’est d’avoir une vision et une indépendance.
Ce qui pèse également dans la balance, c’est la volonté de réaliser ma vision : créer une entreprise a pour objectif de satisfaire un besoin qui ne l’était pas jusque-là.
La qualité première d’un entrepreneur, est sa capacité à prendre des risques, à parier sur la pérennité de son entreprise.
Depuis les langes de l’enfance j’ai toujours eu un béguin pour le commerce et ce depuis mes années collège.
Mon besoin en créant « Ovations & plus » était de valoriser le secteur de l’événementiel et du marketing opérationnel. Cette passion m’a donné l’envie de me lancer dans l’entrepreneuriat.
Aussi je voulais être une femme d’affaires infatigable, qui court d’un événement à un autre.
Le premier objectif que je me suis fixée est de faire de notre agence, une référence dans le domaine de la stratégie et du marketing opérationnel de jour et de nuit pour ensuite élargir notre offre aux journées avec des événements à thèmes et propres à nous.
D’abord à Abidjan, puis dans la sous-région et pourquoi pas à l’échelle continentale.

COMMENT DEVIENT-ON DIRECTRICE D’UNE AGENCE DE MARKETING OPERATIONNEL ?

De prime abord je dirais qu’il faut aimer les « choses » bien faites. De nos jours, la notion « qualité » est utilisée dans tous les secteurs, y compris celui des services.
Son maintien est un enjeu très important pour les entreprises.
Une entreprise qui fonctionne bien cherche en permanence à atteindre le niveau de qualité correspondant à l’attente du client.
Concrètement, la difficulté est ardue : le concept de qualité se révèle complexe, variable et indéfinissable.
Les dirigeants de sociétés en ont souvent une perception limitée, comme s’il suffisait de se gargariser avec la notion de «zéro défaut» ou de s’assurer que les produits ou services sont conformes aux normes en vigueur.
Je suis adepte du “faire ce qu’on dit”, c’est ma devise. J’ai été inspirée dès que j’ai commencé à travailler, avec monsieur Tidiane Thiam qui nous avait reçus lors d’un diner où il a affirmé que le péché des africains est de ne pas joindre l’acte à la parole. Nous devons parler peu et plus agir.

APRES COMBIEN DE TENTATIVES, ETES-VOUS ARRIVEE A ASSEOIR VOTRE BUSINESS ?

Une seule, peut-être un peu tard, parce que j’ai hésité.
J’aime les innovations et le hardwork ; Je découpais tout ce que je trouvais, je sublimais à ma façon des photos, des bijoux, etc……
J’ai toujours aimé le beau et bien fait et je suis d’une nature curieuse, j’observe vite comme l’aigle et je prends toujours les initiatives quand il s’agit d’organiser.
Je n’ai souvent pas besoin qu’on m’appelle, je le fais systématiquement quand l’occasion m’est donnée et je déborde de générosité dans l’accomplissement de mes taches. Cette passion et audace pour l’organisation m’est venue du rôle que je joue au sein de ma famille.

VOS PLUS GRANDES CRAINTES, DANS CE QUE VOUS FAITES ?

Sans hésiter je dirais : La peur de mener le bateau seul. Ma plus grande hantise c’est de me retrouver toute seule face aux autres, comme seule capitaine à bord. Cela peut paraître enivrant, mais cela peut également devenir angoissant. Être le seul décisionnaire au niveau stratégique et opérationnel, prendre des décisions seule qui engagent l’entreprise et son avenir peut être effrayant. Mon vœu le plus ardent c’est de voir l’agence Ovations et Plus à la cime de l’entreprenariat tant que dure la planète terre.
Je veux pouvoir tenir une activité pérenne, je souhaite voir très bientôt un de mes jeunes collaborateurs prendre les rênes de l’agence. Je serai heureuse d’être une source de motivation, inspirante pour la jeune génération. C’est un grand pari.
L’échec serait d’arrêter et tous les jours je me lève malgré les difficultés.
La combativité est une sorte d’adrénaline à mon quotidien. Mon crédo c’est qu’on doit tenir et avancer. L’entrepreneuriat n’est pas de tout repos, cela se saurait autrement !

VOUS EST-IL ARRIVÉ DE VOULOIR ABANDONNER ?

Aucunement ! Loin d’être essouffler par quoi que se soit, j’ai toujours été de l’avant, en dehors des sentiers battus. L’impossibilité ne figure pas dans mon lexique. Pour moi rien n’est impossible. A ma témérité j’ai toujours adjoins ma foi, ce qui m’a conduit à travailler auprès de certains ministères et même des institutions internationales. Ma ténacité à toujours été pour moi un sésame.
Pour ma part l’essentiel n’est pas qui je suis mais qui je veux être. Et je ne veux pas être comptée aux nombres de ceux qui jettent l’éponge.
« il y avait une publicité à la télévision d’un lapin jouet qui ramait, ramait et ramait. Tandis que tous les autres s’arrêtaient de ramer, lui il continuait inlassablement. Le secret ? Il avait des piles plus résistantes que celles des autres ».
Il ne faut pas avoir peur de relever les défis. Je n’ai pas peur. Si la peur du risque m’arrêtait, je m’éteindrais comme entrepreneure.

QU’EST-CE-QUI A FAIT VOTRE FORCE ?

Mon caractère. Je suis audacieuse et déterminée.

AUJOURD’HUI DE PLUS EN PLUS DE PERSONNES ACCOURENT VERS L’ENTREPRENEURIAT, COMMENT VOYEZ-VOUS LE SECTEUR D’ICI 5 A 10 ANS ?

Prometteur. Les start-up en Afrique ont le vent en poupe. Elles se développent progressivement et attirent les investisseurs du monde entier. L’Afrique en général est un vaste champ encore vierge. Accorder une valeur sans cesse accrue à l’entrepreneuriat et au secteur privé sera le meilleur moyen de dégager des dividendes démocratiques sur le continent.
L’entrepreneuriat en Afrique est de plus en plus considéré comme une clé de la croissance économique. Jusqu’à présent, l’entrepreneuriat a produit des rendements énormes pour les entrepreneurs, et selon les experts, il recèle un énorme potentiel inexploité pouvant mener le continent africain à sa prochaine phase de développement.
Il y a quelques années une étude publiée en juin 2015 par Approved Index, un groupe de réseautage d’affaires basé au Royaume-Uni, classait l’Afrique parmi les meilleurs dans le domaine de l’entrepreneuriat.
Aussi, il est très important d’ajouter que l’Afrique est devenu le premier continent de l’entrepreneuriat féminin, selon le rapport 2017 « Women’s Entrepreneurship » ;
Pour ma part, on aura des multi milliardaires en Côte d’Ivoire dans quelques années. Les opportunités foisonnent.

POUR VOUS, L’ENTREPRENEURIAT EST-IL UNE REPONSE A LA PROBLEMATIQUE DU CHÔMAGE EN COTE D’IVOIRE ?

Oui et non. Il est indéniable que l’entrepreneuriat est l’un des facteurs clés de la boîte à outils contre le chômage des jeunes ivoiriens et en Afrique, où vit la population la plus jeune au monde. Cependant pour que l’entrepreneuriat ait de forts retentissements sur le chômage et l’économie africaine, les gouvernements doivent relever certains des plus grands défis qui en entravent la progression, dont le manque de fonds, d’encadrement approprié et d’efficacité des politiques publiques. En outre, les gouvernements africains devraient envisager à offrir des mesures incitatives au secteur privé par le biais d’allègements fiscaux pour créer plus d’emplois. Les lois et les règlements devraient favoriser les entrepreneurs.
A cela, je dirais surtout qu’il faille changer la mentalité des ivoiriens, les faire sortir de la facilité, du gain facile pour inculquer les vrais valeurs du travail et de l’honnêteté. Prenons exemple sur le Rwanda, c’est un pays qui me fascine et qui avance.

PENSEZ-VOUS QUE LES FEMMES IVOIRIENNES SONT SUFFISAMMENT ENTREPRENANTES ?

Non. Aujourd’hui, on fait l’apologie de tout ce qui est beauté, superficiel, de tout ce qui entraine à la facilité. Elles ne sont pas audacieuses et top enclin à la facilité. Pour exemple, devenir Miss est le rêve de certaines jeunes filles. Pour celles qui réussissent à gagner leur pari, le titre tant convoité sera pour elles un tremplin qui leur permettra d’atteindre les plus hautes sphères de la société : certaines deviennent présentatrices télé, d’autres épousent de riches hommes d’affaires, ou footballeurs, d’autres encore deviennent des mannequins connus dans le monde entier. De vrais contes de fées qui font rêver toute une population à la possibilité d’un avenir meilleur, même au prix de grands sacrifices.

Je pense que le manque de confiance en soi est l’élément majeur qui paralyse la femme ivoirienne. Elles n’affichent généralement pas leurs galons aux antipodes de leurs congénères maliennes, nigérianes ou burkinabés et j’en passe. C’est une erreur.

C’est d’ailleurs pour cela que nous avons initié le rendez-vous des audacieuses pour offrir une plateforme d’expression , de motivation et d’inspiration et leur présenter des femmes audacieuses qui luttent comme des hommes et qui sont souvent parties de rien.

LE 04 MAI PROCHAIN, l’AGENCE OVATIONS ET PLUS ORGANISE LE RENDEZ-VOUS DES AUDACIEUSES, DE QUOI S’AGIT-IL EXACTEMENT?

Le rendez-vous des audacieuses s’inspire de ma propre vie, nous voulons présenter un nouveau modèle de réussite au féminin ou un nouveau type de femmes affranchies. Nous voulons identifier et révéler des femmes qui démarquent des stéréotypes d’accomplissement habituels.

Aujourd’hui, la voix de l’Africaine est devenue prépondérante. Hier encore, celles qui étaient traitées de pusillanimes par les biens pensants, prennent désormais leur destin en main. Encouragées par la recrudescence du mouvement féministe et la lutte pour l’égalité du genre, elles renversent progressivement les conventions établies par la société et brisent au fur et à mesure le plafond de verre dans le milieu professionnel.

Apte à l’action et animée d’une force téméraire, les femmes audacieuses font fi du sexisme ambulant et apprivoisent les métiers pourtant réservés aux hommes: métiers des Mines, métiers de Technologie, de Politiciennes, Parlementaires, Journalistes, Femmes d’Affaires, Femmes de culture pour ne citer que ceux-ci.
Le leitmotiv de la femme audacieuse africaine n’est pas d’évincer l’homme d’emblée mais de participer au même titre que lui, à la vie économique, politique et sociale. Loin des clichés et des préjugés, les femmes audacieuses font bouger le continent. Nombreuses sont celles qui aujourd’hui, constituent des porte-étendards d’une Afrique qui avance positivement. Pour preuve, la journée internationale des droits de la femme célébrée cette année 2019 a mis l’accent sur les femmes exceptionnelles, celles qui embrassent des métiers rares.

Il y a des femmes qui exercent des métiers endurants, des métiers dit masculins qui dans leur environnement inspirent le respect, la fierté et c’est cela qui va permettre de booster ces jeunes filles-là qui sont en perte de repères et de valeurs.

On a besoin de donner des repères de recadrer les valeurs. C’est possible pour une femme d’être éboueur, d’être une femme pêcheur, frigoriste. Je pense que ce n’est pas la faute à la jeune génération, c’est parce qu’on ne leur donne pas des exemples, on ne leur montre pas la voie à suivre. Cet événement vient répondre à cette problématique.

S’IL VOUS ETAIT DEMANDÉ D’OFFRIR UN COCKTAIL DE REUSSITE AUX FEMMES, DE QUOI SERAIT-IL COMPOSE ?

D’abord, le verre même qui est le contenant serait l’humilité, dans lequel on ajoutera la force, l’audace, la conviction, la combativité et d’où on bannirait tout ce qui est découragement. Il faut avoir un repère, avoir un self-estime pour persévérer dans les combats quotidiens. Toutes les femmes sont courageuses et certaines sont exceptionnelles.

LOIN DE VOTRE POSTE DE DIRECTRICE DE L’AGENCE D’OVATIONS PLUS, QUEL GENRE DE FEMME ETES-VOUS ?

Monique KAKOU : D’abord il faut noter que derrière le chef d’entreprise se cache la mère de famille. Avec un savant mélange de douceur et de fermeté couronné par le suffrage de Dieu, je mène de front ma vie privée et professionnelle. « Mon époux et mes enfants constituent ma source d’énergie ».
J’ai deux adorables enfants, un fils et une fille. J’en suis fière et reconnaissante à Dieu, bien que ce ne soit pas facile par moment ».
Une de mes passions qui m’anime depuis mon plus jeune âge est la cuisine! Cela m’a été transmis par ma mère à qui je témoigne toute ma reconnaissance pour son affection intarissable. J’aime recevoir mes proches autour d’un repas que je transforme en instant festif.
J’ai aujourd’hui 23 ans de mariage et je peux me vanter que mon époux est le premier fan de mes talents culinaires, c’est mon « client» attitré.

À QUELLE FELINE VOUS IDENTIFIEZ-VOUS ?

La lionne, qui protège sa couvée.
Je suis déterminée et je me bats au quotidien pour mes convictions avec un caractère de conquérante.

Marina KONAN