[Interview] Mélissa : "la rigueur et l'amour du travail, mes secrets de réussite"

Originaire du centre de la Côte d’Ivoire précisément de Bouaké, Loukou Annick Mélissa est une jeune femme entrepreure qui évolue depuis quelques années dans le domaine de la restauration.

Incursion dans l’univers de Mélissa, une jeune femme belle, sympathique, généreuse et ambitieuse, qui a bien voulu nous ouvrir les portes de son restaurant pour nous livrer les secrets de sa réussite.

Eminente

Comment êtes-vous arrivée à la restauration ?

Je suis arrivée à la restauration par amour et passion pour la cuisine. Je sais faire la cuisine et j’aime cela. J’ai appris à cuisiner aux côtés de ma grand-mère. Je me souviens, lorsque j’étais enfant, chaque fois qu’elle faisait la cuisine elle m’appelait auprès d’elle. J’avais ma petite marmite et elle m’apprenais à préparer simultanément. C’est de cette façon que j’ai appris à préparer et qu’elle a réussi à m’injecter l’amour de la cuisine.

En tant que jeune et belle femme avec tous les atouts, pourquoi Mélissa a-t-elle choisi la voie de l'entrepreneuriat ?

(Rires), Merci pour le compliment. J’ai choisi d’entreprendre pour être indépendante financièrement. Parce que j’ai tellement de projets en tête que si je devais compter sur les largesses d’un homme, je ne pourrais pas réaliser mes rêves et atteindre tous mes objectifs. De plus, je ne veux pas dépendre financièrement d’un homme.

Comment avez-vous démarré ?

Après avoir arrêté l’école, je ne savais trop que faire. Alors j’ai décidé d’ouvrir une boutique de cosmétique à Daloa et un petit restaurant en 2003. Deux ans après, précisément en 2005, j’ai fermé et je me suis installée à Abidjan où j’ai débuté une formation de coiffeuse que je n’ai pas terminé. J’ai donc décidé d’ouvrir un restaurant puisque je me sentais plus à l’aise dans ce domaine. C’est comme ça qu’en 2009 j’ai ouvert mon premier restaurant qui a tourné jusqu’en 2016 où il a été démoli. Je me suis réinstallée six mois plus tard et vous avez aujourd’hui le 25/8.

Quelles sont vos sources de financement ?

Au départ, j’ai bénéficié de l’aide financière de proches et de personnes de bonne volonté qui ont cru en moi. Aujourd’hui, je demande des prêts auprès de banque et microfinance.

Comment gérez-vous votre business au quotidien ?

Je gère mon business de façon professionnelle sans laisser passer aucun détail. Le matin quand j’arrive je fais un petit entretien avec mes employés afin de m’assurer que rien ne manque et que chacun fait correctement les tâches qui lui sont assignées. Et ce, de la cuisinière au gardien. Cependant, je n’hésite pas à mettre moi-même la main à la pâte pour la bonne marche du restaurant.

En tant qu'entrepreneure et chef d'entreprise combien d'employés avez-vous ?

J’emploie environ une trentaine de personnes ici à Abidjan et à Daloa.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez et comment arrivez-vous à les surmonter?

Les difficultés se situent surtout au niveau du personnel et de la clientèle. Vous n’ignorez pas que la gestion des ressources humaines est souvent très compliquée.

Des fois on a affaire à des clients plutôt difficiles qu’il faut arriver à satisfaire.

Cela n’est pas toujours aisé mais la solution, surtout en ce qui concerne la clientèle, c’est l’écoute. Il faut toujours être à l’écoute des clients de sorte à bien cerner leurs attentes et les prendre en compte.

Pour ce qui est du personnel, je tiens des réunions régulières afin de les recadrer et par ailleurs, recueillir leurs suggestions.

Aussi, j’ai été victime de pratiques mystiques. Des parchemins avec des inscriptions bizarres ornés de cauris avaient été laissés près de la caisse de mon restaurant à Daloa, quand des grains de riz avaient été mis le long de la devanture de mon restaurant à Abidjan. Mais, je ne crois pas à ces choses, donc cela n’a aucun effet sur moi, la preuve je continue toujours d’évoluer.

Quelle est votre source d'inspiration au quotidien ?

Ma source d’inspiration au quotidien c’est l’envie de réussir. Cette envie de réussir me donne toujours la force de relever les défis et d’aller de l’avant quelles que soient les difficultés.

Selon vous, quelles sont les aptitudes à développer pour réussir dans l'entrepreneuriat ?

Il faut être patient, car la patience est un chemin d’or. Il faut aimer ce qu’on fait c’est ce qui permettra de ne pas baisser les bras au premier obstacle rencontré. Le courage, parce que pour entreprendre, il faut être courageux. Certaines personnes vont vouloir vous en dissuader ou vous mettre les bâtons dans les roues, mais il faut avoir le courage pour surmonter tout cela. Enfin, la persévérance. Il faut toujours persévérer dans ce qu’on fait, se donner à fond. Le succès se trouve au bout de l’effort.

Quels sont les secrets de réussite de Mélissa ?

Je dirai la rigueur et l’amour du travail bien fait.

Vous est-il arrivé de vouloir jeter l'éponge ?

Oui, à plusieurs reprises. Parce que les débuts étaient difficiles. J’ai galeré pendant quatre ans. Mais j’ai décidé de ne pas abandonner. J’ai continué et ça a payé.

Selon vous, un échec peut-il constituer la fin de l'entrepreneur?

Non. Pour moi l’échec fait partie de l’entrepreneuriat mais le plus important c’est de ne pas abandonner. Il faut aller au bout de ses rêves.

Qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans votre parcours ?

(Soupir) Ce qui m’a le plus marqué, c’est la démolition de mon premier restaurant en 2016. J’étais en voyage en Chine. Dès que j’ai foulé le sol chinois, on m’a joint par téléphone pour m’annoncer la mauvaise nouvelle. Tout de suite, j’ai eu tellement mal, parce que j’avais contracté un prêt de 10 millions pour ouvrir ce restaurant sur lequel je comptais pour rembourser le prêt. Tout était perdu. Je me suis demandée comment j’allais faire? Mais je vous assure que, ce qui me traversais l’esprit c’était comment ouvrir un autre restaurant ? Ce que j’ai réussi à faire six mois plus tard.

Mélissa est-elle fière du chemin qu'elle a parcouru pour en être là aujourd'hui ?

Oui, bien-sûr. J’en suis très fière. Bien que cela n’ait pas été facile, j’ai toujours remonté la pente, grâce à Dieu je suis restée debout.

En termes de perspectives, quelle Mélissa dans cinq ans?

Dans cinq ans, Mélissa se voit à la tête de plusieurs restaurants et boites de nuit partout en Côte d’Ivoire et pourquoi pas à l’extérieur du pays.

Quelques mots à l’endroit de la jeune génération de femmes qui veut entreprendre et qui hésite encore

A mes jeunes sœurs, je dirai que la beauté n’est pas tout dans la vie. Qu’elles aient l’amour du travail et n’aient pas peur de se lancer. De ne pas hésiter à entreprendre. Qu’elles fassent quelque chose de leurs mains, afin qu’elles soient autonomes financièrement et indépendantes. quelles que soient les épreuves, qu’elles n’abandonnent jamais car au bout de l’effort se trouve le succès.

Interview réalisée par : Larissa Dagba