La définir serait un exercice bien difficile, tellement assez de bons qualificatifs collent à sa personnalité. Femme engagée et déterminée, Massal TOURE ne se laisse ébranler par aucun obstacle, on dira qu’elle conjugue avec les difficultés pour s’en sortir avec le succès. Artisane, propriétaire d’une galerie d’art, promotrice culturelle, entrepreneure sociale, militante de cause noble, Massal TOURE est la parfaite définition de la Lionne.
C’est avec plaisir que FÉLINE est allée à sa rencontre…
Avant tout propos, laissez-moi vous dire que c’est un honneur pour moi de faire la couverture de ce mois d’avril, je suis MASSAL TOURE entrepreneure sociale pour répondre à votre question, mais aussi artiste engagée et très engagée dans la cause humaine, artisane, promotrice de la culture, de l’environnement et du bien-être social.
Je pense que mes actions sociales remontent à bien longtemps. Depuis petite, je suis dans l’entreprenariat social parce que j’étais déjà bénévole dans assez d’actions sociales et personnellement engagée auprès de certaines personnes. Je suis une personne qui partage, qui donne. J’ai milité dans certaines associations musulmanes et j’ai été à plusieurs reprises chef de classe. Donner de ma personne et de mon temps me procurait du bonheur ce qui m’a même emmené aussi à être bénévole à la prison civile de Bouaké.
Déjà, je pense que tout part de la base, car j’ai une passion pour l’écologie qui remonte à ma tendre enfance. En Famille, j’avais mon potager à la maison que j’entretenais bien, et je faisais très attention à tout ce qui était écologique. Des années plus tard cette passion m’a inspiré le salon du recyclage. Pour le concept de l’attaché des foulards, il allait sur soi, car culturellement, j’attachais souvent le foulard parce que je suis musulmane et chez nous le port du foulard se fait lors des cérémonies ou dans la vie de tous les jours. Toutefois, le concept a été motivé aussi par le manque d’événement qu’il y avait autour de cet accessoire qui est porté partout dans le monde entier, qui a une vie et une histoire. Chez nos voisins au Nigeria, le foulard était une de leur identité culturelle. Pour la Côte d’Ivoire, il fallait un événement pour regrouper tout le monde autour d’une thématique sur le port du foulard. Étant moi-même accessoiriste et créatrice d’art, j’ai voulu associer l’histoire du bijou à celle du foulard qui sont deux accessoires indispensables dans la garde-robe de la femme africaine.
Le bilan, je pense qu’il est positif. Pour une première édition, déjà, j’ai pu réunir assez d’entreprises respectueuses de l’environnement, qui ont accepté de nous accompagner et qui se sont intéressées aussi au développement durable en faisant montre de leur responsabilité sociétale. Pour la première édition, il fallait, surtout mettre en scène un le volet écologique, communiquer sur la dégradation de l’environnement et emmener les uns et les autres à prendre soin de la nature en évitant les comportements qui sont à la base de sa détérioration. La 2e édition portera sur la ville durable et tout ce qui est de la durabilité des ressources avec la conception d’une ville durable en prenant en compte l’énergie, l’habitat durable, la mobilité, la gestion des déchets… Le thème de cette 2e édition est : quel modèle de ville durable pour l’Afrique ? Au programme, il y aura des conférences, des panels un gala de remises de trophées pour distinguer ces personnes, ces entreprises, ces clubs services qui militent dans le développement durable. Un concours sera lancé à partir du 10 avril pour des artistes qui proposeront des modèles de ville durable prenant compte tous les aspects de la ville.
L’artisanat en Côte d’Ivoire est lucratif sauf qu’il n’est pas structuré. Il y a beaucoup d’artisans aujourd’hui qui opèrent plus dans l’informel, qui sont majoritairement illettrés et qui ne connaissent pas certains outils internet. Malheureusement, à la moindre petite difficulté, l’artisan ne sait pas vers qui se tourner pourtant il y a une chambre de métiers et un ministère, mais il existe un véritable manque de communication entre les acteurs. Ainsi à travers des réseaux tels que le RACIESS nous avons des plateformes numériques ou nous montrons un peu le savoir-faire des artisans, nous partageons des informations pour faire évoluer le secteur. Le manque de communication et d’organisation.
Cette question me revient très souvent. En effet depuis 10 ans, déjà, je suis très attachée à la cause de la lutte contre le diabète des enfants. Moi-même, bien vrai que je parle très peu de mon statut, je suis diabétique depuis 2007, un mal héréditaire, car mon père l’avait et ma sœur, également, l’a depuis toute jeune.
C’est en 2010 que j’ai découvert le cas des enfants diabétiques, j’en fus vraiment très touchée, et même choquée parce que pour moi, le diabète était une maladie qui se limitait aux personnes âgées mais grande fut mon étonnement de savoir que même un enfant de quelques mois, de 1 an, 2 ans pouvait être diabétiques. J’ai alors réalisé qu’il leur fallait beaucoup plus d’attention, de soutien, de soin, de surveillance encore plus chez les femmes enceintes faisant la maladie.Toutes ces expériences m’ont poussé à porter très haut la voix de jeune diabétique. Nos actions étaient tout d’abord la mise en place de réseau de prise en charge, faire de grandes campagnes de sensibilisation.
En général, je prends du bon temps dans tout ce que je fais puisque je ne fais pas forcement ce qui peut me rapporter de l’argent, mais plutôt ce que j’aime. Tant dans mes activités sur le foulard, dans mes formations de mode et de confection des pots, je prends énormément de plaisir à le faire. Je me plais plus dans l’art plastique, le collage, les pots qui sont en même temps pour moi des temps de relaxation. J’aime bien également la plage donc souvent après le stress dû à l’organisation d’un événement, je prends quelques jours et je disparais un peu. Par ailleurs, j’effectue des marches de 2 h qui me permettent d’évacuer beaucoup de stress. Effectuer des voyages, faire du shopping, aller dans des galeries, des expositions d’art me servent également de distraction.
Illico, c’est l’image de la femme africaine à travers les petits commerces qu’elle effectue pour subvenir au besoin de la famille, les travaux champêtres et autres. Je trouve que les femmes africaines sont braves, engagées, déterminées. Elles sont beaucoup plus formelles, elles sont sorties de l’obscurité et font connaître leurs savoir-faire au même titre que les hommes en démontrant qu’elles sont capables d’accomplir ce que le sexe opposé peut accomplir. L’entrepreneuriat n’est donc pas chose nouvelle en Afrique, car depuis des lustres les femmes entreprenaient, j’ai pour exemple ma mère, c’est donc ses traces que je suis vu que je n’ai jamais travaillé pour autrui. J’encourage donc ces femmes qui affrontent la peur et se mettent au-devant de la scène.
En tant que femme dans l’entrepreneuriat, il faut avoir beaucoup d’audace pour se lancer et démarrer de façon formelle. Le bon cocktail de réussite serait d’avoir beaucoup de courage, d’audace, de persévérance, de la passion surtout, car c’est la passion qui m’a conduit jusque-là où je suis aujourd’hui. Avoir des objectifs assez précis, ne pas fuir au premier obstacle, chercher à s’améliorer (qu’est-ce qui ne va pas, pourquoi ça n’a pas marché…) afin de pouvoir trouver des voies et moyens pour évoluer. Faire ce que l’on maîtrise, ne pas faire juste parce que c’est effet de mode ou encore parce que X ou Y à réussi dans ce domaine non mais plutôt chercher à nous former, à comprendre notre direction aller au fond et je pense qu’avec beaucoup plus de professionnalisme notre cocktail sera assez bien dosé. Il peut tout de même avoir des moments où tout va bien tandis qu’il y’a d’autres jours où il peut y avoir des bas des moments comme la situation sanitaire qui a frappé un peu le monde, mais comme j’ai eu à le dire gardons la détermination face à toute épreuve. Je pense que c’est tout cela qui fait un bon cocktail d’un entrepreneur.
Je suis une lionne à cause de son côté social. Elle chasse, elle s’occupe de la tanière, elle fait allégeance au lion qui est un signe de soumission parce que moi je suis de celles qui acceptent que dans le foyer le conjoint soit le chef de famille. Les lionnes évoluent en troupe, je suis de ces personnes qui évoluent en groupe et j’aime bien la notion de sociabilité, malgré que le lion chasse la lionne va également à la chasse pour faire venir de quoi à manger à ses petits et le partage à tous. Elle veille sur son territoire je me définis donc comme une lionne
Lorraine Nadré