Makoko : “la patience, le courage et la persévérance, mon crédo”.

Des difficultés, elle en a rencontré. Des trajets à pieds sur de longues distances, aux expulsions, elle en a bavé, mais elle a réussi à s’en sortir grâce à sa passion du métier. Aujourd’hui, elle a à son actif, un hangar et deux magasins dans lesquels “la magie Makoko opère”. Découvrez Coulibaly Koko dit Makoko, l’une des renommées du marché Cocovico dans le domaine de la pose de faux cils et faux ongles.

1-Qui est Makoko ?

Makoko à l’état civil c’est Coulibaly Koko, célibataire, mère d’une fille et spécialiste de pose de faux cils depuis huit années.

 

2-Comment avez-vous appris ce métier ?

Sur le tas. Il faut dire que la pose de faux cils ou faux ongles est quelque chose que j’ai aimé. Je me faisais déjà les ongles à domicile. Une fois, je suis allée pour une pose de cils et ma curiosité m’a amenée à m’y intéresser. J’ai commencé à le faire de temps à autre jusqu’à à avoir la main. Puis, j’ai une connaissance qui a apprécié ce que je faisais et m’a demandé de lui confectionner des faux cils. C’est de là que tout est parti.

3-Pourquoi avoir choisi les poses de faux cils et ongles, alors que vous auriez pu exercer une autre activité ?

J’ai aimé le travail de pose de cils et de faux ongles. C’est une passion pour moi. La preuve en est, je n’ai pas appris ce métier.

 

4-Comment ont été les débuts de Makoko  ?

C’était difficile. J’ai commencé le travail de pose de faux cils avec 12.500 FCFA.

Je me suis installée d’abord au marché de Kennedy (Abobo) et quelques temps après, l’on est venu me dire de quitter les lieux. Ensuite, je me suis retrouvée auprès d’une femme (Mamou) avec qui j’ai commencé à travailler. J’ai pu avoir de la clientèle grâce à mon accueil chaleureux et à mes bonnes prestations. Malheureusement, après un moment, cette dernière m’a demandé, sans raison, de quitter sa place. C’est ainsi que je suis arrivée au marché d’Angré. J’ai partagé une place avec des tresseuses.

Lorsque j’ai commencé, j’ai fait deux semaines, sans avoir de clients. A cette période, je faisais le trajet Abobo-Angré chaque jour à pied. Quand j’en parle, j’ai mal. Mais Dieu m’a soutenu. Un vendredi, je me suis assise et j’ai dit à Dieu, “donc je vais retourner encore au quartier Kennedy, sans un sou en poche”. Ce jour-là, dans l’après-midi, les clientes ont commencé à venir. J’ai gagné 1250 FCFA, c’était ma première recette après deux semaines de galère.

 

5-Makoko a combien de magasins de pose de faux cils et ongles  ?

J’ai un hangar et deux magasins au marché de Cocovico. L’un est géré par ma sœur cadette, et l’autre c’est celui dans lequel je vous reçois aujourd’hui.

 

6-D’un banc de fortune, vous passez à un salon ! Est-ce un passage de l’informel au formel ?

Oui je peux dire cela, même si tout n’a pas été facile. Toutefois, je continue de demander du soutien financier pour agrandir mon business.

 

7-Dans le domaine, vous avez su vous adapter, on dira même que vous avez improvisé et aujourd’hui vous ‘’triomphez’’ ; qu’est-ce qui a prévalu dans cette ‘’marche glorieuse’’?

Les valeurs telles que la patience, le courage, la persévérance ont été et demeurent mon crédo.

8-Il arrive parfois que vos employées deviennent vos concurrentes, comment faites-vous face à cela ?

Vous savez, les ressources humaines sont parfois difficiles à gérer. J’ai eu à former certaines filles qui, avant de se mettre à leur propre compte, ont fait des histoires ou détourné de l’argent. Toutefois, il y’a l’une d’entre elles qui a réussi à tirer son épingle du jeu, aujourd’hui elle est épanouie, elle fait la pose de faux cils et ongles ailleurs. Mais, à chaque fête ou célébration, du carême, du ramadan, elle m’offre des présents et j’en suis fière, car au lieu de lui donner du poisson, je lui ai appris à pêcher.

 

9-Dans vos débuts à COCOVICO, quelles ont été les premières difficultés auxquelles vous avez eu à faire face ? Comment êtes-vous arrivée à les surmonter ?

Le coût élevé de l’espace. Un mètre carré à 200.000 FCFA. Il me fallait travailler d’arrache-pied pour louer 2 mètres carré et payer les taxes du marché. Il arrivait que je ne puisse pas m’acquitter des droits de taxes, alors toutes mes affaires étaient ramassées par les gérants du marché. Il me fallait donc trouver de l’argent et négocier avec eux pour récupérer les affaires confisquées.
Avec les clientes, pas de difficultés particulières, juste qu’il y’a certaines qui viennent pour provoquer. Mais ce sont des choses que Makoko gère au quotidien sans problème.

 

10-Vous êtes une référence dans le domaine de la pose de faux cils. Qu’est-ce qui fait la particularité de Makoko ?

Chez Makoko, c’est l’originalité. Comme je le disais tantôt, mon métier, je l’ai appris sur le tas.

 

11-Que pensez-vous de l’entrepreneuriat féminin en Côte d’Ivoire?

Aujourd’hui c’est un fait important, que de voir les femmes se lever et entreprendre. Il y’a de nombreuses femmes qui ne comptent plus sur leur homme, elles s’imposent et elles ont confiance en ce qu’elles font.

 

12-Jusqu’où comptez-vous aller avec votre business, quelles sont vos projets?

(Rire)…Si Dieu nous accorde longue vie, je compte mettre en place des Spa, un peu partout.

13- Quels conseils pouvez-vous prodiguer aux jeunes femmes qui ont des diplômes et attendent un miracle pour obtenir un boulot ?

Je dirais à ces filles de commencer à investir, car j’ai vu des femmes qui ont abandonné le travail classique et ont gagné leur vie avec le commerce. Seulement, l’argent se gagne un peu un peu, il faut savoir s’organiser et faire des sacrifices. Tu ne peux pas commencer aujourd’hui et dès qu’il y a des entrées d’argent, tu portes des mèches et des vêtements de qualités. Tu dois être patiente et attendre ton tour.

 

14-Que savez-vous du cancer du sein et de la lutte contre la maladie ?

C’est une maladie grave et les femmes doivent faire attention pour ne pas être atteintes. La femme donne la vie et si par malheur elle perd un sein à cause de cette maladie, elle aura des difficultés à allaiter. Pour celles qui en souffrent déjà, je peux leur conseiller de garder espoir, plusieurs femmes en sont guéries.

 

15-Si vous étiez une féline, laquelle seriez-vous ?

Je suis imposante, le caractère de la féline qui sait ce qu’elle veut : la panthère.