Christelle ESSIM : “Il faut se donner les moyens d’y arriver en travaillant”

Travailler, être au four et au moulin, apporter sa touche personnelle, font sa particularité. Depuis sa plus tendre enfance, Christelle ESSIM avait opté pour l’entrepreneuriat comme choix de carrière. Aujourd’hui, même si beaucoup reste à faire, cette entrepreneure qui s’identifie au guépard pour sa force, sa persévérance, sa témérité et son intelligence ne regrette rien. Mieux, elle est reconnaissante de ce qu’elle a pu réaliser avec l’aide de sa famille. Christelle ESSIM s’est prêtée aux questions de Féline pour vous livrer sa part d’expérience entrepreneuriale.

Quels mots caractérisent le plus Christelle ESSIM ?

Je suis une femme passionnée, à l’écoute des autres, persévérante et qui sait gérer ses priorités.

L’entrepreneuriat a-t-il été un choix ou une circonstance pour vous ?

J’ai choisi d’être entrepreneur depuis l’âge de 7 ans. C’était une graine en moi implantée par mon père. Sans le savoir et sans le vouloir. En fait mon père ne voulait pas que je sois entrepreneur comme lui. Une fois, il m’a posé la question de savoir : qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? Je lui ai répondu : je veux être une femme d’affaires, un entrepreneur comme toi. Alors il m’a dit :’’ non , je préfère que tu sois médecin, ingénieure ou pharmacienne’’. Et j’ai dit ‘’Je ne serai pas tout ça, je serai juste femme d’affaires’’.Par la suite, j’assistais mon père souvent dans ses activités, c’est comme ça que l’entrepreneuriat s’est imposé à moi et je l’ai adopté.

Comment arrivez-vous à tirer meilleur profit de l’entrepreneuriat ?

C’est clair que l’entrepreneuriat, c’est un chemin jonché de difficultés. Il faut avoir une vision claire, y croire fermement, éviter de procrastiner. Puis se donner les moyens d’y arriver en travaillant, bien sûr. Il est clair qu’au bout du travail se trouve la récompense.

Entreprendre dans l’agro-alimentaire est-il aisé ?

Il n’y a rien de facile, peu importe le domaine. Le plus important, c’est de prendre des risques en toute chose. Il est clair que dans le domaine agro-alimentaire, il y a beaucoup de normes à suivre. Il faut s’aligner sur de nombreuses règles. Mais, c’est normal, parce que ce domaine alimentaire est délicat. Nous nous entourons de professionnels en termes d’hygiène tant sur le plan sanitaire, qu’avec nos fournisseurs. Nous travaillons avec des professionnels pour le bien-être des consommateurs. Ce n’est pas du tout aisé. Mais, on fait ce qu’il faut.

En quoi se résume une journée pour vous ?

Il est clair que toutes les journées ne se ressemblent pas. Je ne gère pas que Bassy. Je suis une femme de terrain. J’ai des journées où je suis exclusivement dans les plantations. Il y’a des journées aussi où je suis entre les briques et le ciment et celles, où je suis en production avec Bassy. Je n’ai pas de journées type mais je fais tout pour avoir des entretiens avec mon personnel. Je m’implique dans la vie de mon personnel. La plupart du temps, vous me verrez moi-même au four et au moulin. Vous ne saurez pas faire la différence entre le chef d’entreprise et ses collaborateurs. Je suis moi-même sur tous les fronts.

Etes-vous le genre de femme à abandonner leur entreprise pour pouvoir se consacrer exclusivement à leur famille ?

Je pense plutôt être le genre de femme à faire de sa famille une entreprise. La preuve en est, je travaille avec mes enfants. Ils m’ont d’ailleurs aidée pour le nom de mon entreprise. Ce sont eux qui m’aident à choisir les couleurs. La famille et mes amis me soutiennent beaucoup.

Les difficultés, vous en avez eu certainement, d’ou tirez vous la force pour les surmonter ?

Je garde la Foi. Je dirai humblement, que la foi est une manière pour Dieu de nous demander d’être persévérant mais tout en travaillant. Ensuite il y’a le fait que je veuille être un exemple pour mes enfants, comme mon père a été un exemple pour moi. Je suis enfin, encouragée par ma famille et mes amis. J’ai toute une armée derrière moi, et ce qui me réconforte. Je me dis aussi que je peux être un exemple pour toute une génération de femme, de jeunes filles.

D’où vous est venue l’idée du conditionnement des beignets africains ?

C’était lors d’une formation en agro-alimentaire pour un autre produit au cours de laquelle j’ai pris part de là, j’ai eu une illumination divine ( définition de inspiration); celle de valoriser nos valeurs culinaires qui ont bercé notre enfance. J’ai saisi l’opportunité. Il fallait pour moi, conserver ces valeurs culinaires qui se perdent au profit de tout ce qui est occidental, à l’instar de moelleux au chocolat, des madeleines. Pourquoi ne pas transmettre à cette nouvelle génération dit ‘’High Tech’’, ces dites valeurs, qui consomme la plupart du temps tout ce qui est aliment industriel ? Le tout était de trouver la bonne formule, une formule sans conservateur, une formule saine et dans un packaging intéressant.

Quel retour vous font vos consommateurs sur les produits BASSY ?

Dieu merci, nous avons des retours positifs, en majorité, mais aussi des retours négatifs. Le plus important, c’est que cela nous permet d’améliorer nos produits et d’aller de l’avant.

L’exportation des produits BASSY est-elle en cours ?

Oui, l’exportation des produits Bassy est en cours. C’est clair, qu’il faut énormément de paperasse. Nous avons une forte demande à l’extérieur, là où, il y’a une forte concentration de la communauté africaine. Et nous travaillons à desservir tout le monde. Cependant, il faut s’aligner aux normes extérieures et c’est ce à quoi nous travaillons. De ce fait, l’exportation de nos produits, c’est pour très bientôt.

Quelle femme dans le paysage entrepreneurial ivoirien vous inspire par son parcours ?

Je dirais Mme Massogbè Touré de la société Sicta. C’est mon modèle d’entrepreneur. Elle est mon modèle de femme, mon modèle de mère.

Partagez-nous vos secrets de réussite

De prime abord, avoir de l’audace, de la suite dans les idées. Il faut surtout garder la foi, en Dieu et en soi. En ce qui me concerne, j’essaie de garder la foi en Dieu. Puis, s’entourer de personnes ressources. On ne peut pas tout connaître et tout savoir. Il y a forcément des choses que vous ne maîtrisez pas. Il ne faut pas hésiter à vous tourner vers ces personnes. A cela, il faut apprendre des autres et surtout travailler dur. En fonction des besoins, il faut être pertinent. En tant qu’homme ou femme d’affaires, savoir saisir les opportunités et tirer profit des parts du marché, qui est en constante évolution. Eviter surtout de tomber dans la procrastination.

Quels sont les projets à court et long terme pour votre marque ?

Je veux dire à moyen terme, c’est d’asseoir une unité de production très industrialisée. Tout cela passe par de gros investissements. Notre objectif, aujourd’hui, c’est d’avoir un large réseau de distribution pour desservir toute la Côte d’Ivoire, toute l’Afrique et les autres continents surtout à forte concentration africaine.

Quelle féline incarne Christelle ESSIM : une tigresse, une lionne, une panthère ou un chat ?

C’est le guépard. En plus d’être le félin le plus rapide, il possède une capacité physique d’adaptation imprenable. C’est un animal très intelligent et très rapide qui poursuit sa proie. Il est pour moi, un exemple de persévérance, du fait qu’il y met les moyens et toute sa force pour aller plus vite.

Marina KONAN