YEBARTH BLANDINE : “Il n’y a rien de mal à ce qu’une femme soit docker”

Son métier est aussi fatiguant que passionnant. Un métier qui demande de la force tant physique qu’intellectuelle et qu’elle a su maitriser. Des peaux de bananes, des obstacles, elle en a rencontrés. Abandonner, elle a failli le faire. Mais son âme de féline, lui a donné la force d’affronter ses peurs et de s’imposer dans ce milieu d’homme. Son travail lui a valu d’être nommée responsable de son unité et de décrocher un prix à la soirée, « Le rendez-vous des audacieuses ». Découvrez Yebarth Blandine, Docker, magasinière au Port de San-Pedro, dans une interview exclusive.

Qui est Yebarth Blandine ?

Une jeune ivoirienne, âgée de 28 ans, mère de deux enfants. J’exerce le métier de Docker, précisément la seule femme docker aux Opérations du port autonome de San-Pedro.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

En réalité, je ne l’ai pas choisi. Je suis devenue Docker par la force des choses. Etant enfant, je rêvais d’exercer le métier de commando-parachutiste. Malheureusement, à l’âge de 15 ans, j’ai perdu mon père donc, j’ai dû laisser tomber ce rêve par manque de moyens financiers. Après l’obtention du Bepc,j ’ai fait une formation en Secrétariat et j’ai obtenu le BT en Secrétariat. Mais, je n’arrivais pas à trouver de travail. J’ai alors décidé de faire une autre formation qualifiante en Contrôle-qualité pour être contrôleur dans le domaine Cacao-Hévéa. Malgré cela je n’avais toujours pas de boulot. Un jour, le père de mes enfants m’informa d’un recrutement de docker au Port. J’ai donc postulé et j’ai été retenue.

Entreprendre en Côte d’Ivoire, est-il aisé ?

En réalité, je ne l’ai pas choisi. Je suis devenue Docker par la force des choses. Etant enfant, je rêvais d’exercer le métier de commando-parachutiste. Malheureusement, à l’âge de 15 ans, j’ai perdu mon père donc, j’ai dû laisser tomber ce rêve par manque de moyens financiers. Après l’obtention du Bepc,j ’ai fait une formation en Secrétariat et j’ai obtenu le BT en Secrétariat. Mais, je n’arrivais pas à trouver de travail. J’ai alors décidé de faire une autre formation qualifiante en Contrôle-qualité pour être contrôleur dans le domaine Cacao-Hévéa. Malgré cela je n’avais toujours pas de boulot. Un jour, le père de mes enfants m’informa d’un recrutement de docker au Port. J’ai donc postulé et j’ai été retenue.

En quoi consiste-t-il?

Le docker, c’est le manœuvre du port. Il charge et décharge les débarquements sur les navires. Il nettoie le quai. C’est un peu l’homme à tout faire du port.

Comment arrivez-vous à tirer votre épingle du jeu, dans ce milieu d’hommes ?

Tout est question de planning. Il faut d’abord savoir qui est l’Homme, le cerner et t’adapter à son environnement. Ce n’estpas facile, mais j’y suis arrivée car, j’ai longtemps côtoyé les hommes. J’ai su poser les balises et j’ai su m’imposer.

Comment arrivez-vous à gérer business et actions sociales ?

C’est compliqué, mais, c’est un choix de vie. J’ai déjà fermé deux magasins à cause du social. Celui d’Adjamé, cela fait pratiquement un an et six mois que je n’y ai pas mis les pieds car, chaque jour il y a plusieurs choses à faire à la fois. Je suis tellement sollicité.

Depuis combien d’années exercez-vous ce métier et qu’en retenez-vous ?

Je pratique le métier de dockerdepuis un an. Être docker est un métier passionnant, il ne s’agit pas de lancer des sacs mais on apprend à le faire avec art.Le premier jour de travail, je suis arrivée, j’ai vu le travail, c’était énorme. J’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai fait. On découvre comme tout autre métier, qu’il y a de la joie, de la tristesse… Il n’ya rien de mal pour une femme d’être docker.

Vous est-il arrivé, un jour, de vouloir abandonner et faire autre chose ?

Oui, une fois, j’ai failli abandonner. C’était dans mes débuts, j’ai essuyé les écarts de langage de certains collègues. Un jour, j’ai craqué et je suis allée voir mes chefs. Je leur ai dit que je ne pouvais plus continuer. Ils m’ont répondu qu’il n’était pas question de laisser ce boulot,que je suis la seule femme docker et que je suis une battante par conséquent, je dois continuer. Ils m’ont également posé la question suivante : “aimes-tu relever les défis?”.J’ai répondu par l’affirmative…J’ai même pleuré ce jour-là. Après quoi, je suis retournéevoir le collègue qui m’avait manqué de respect.J’aiéchangé avec lui avec beaucoup de tact pour lui faire comprendre son tort. Et depuis ce temps, nous sommes devenus des amis-collègues et ça été le cas pour tous les autres hommes. D’où mon nom “maman Docker” au Port.

Quel regard porte votre entourage sur cette activité?

Ma famille m’encourage et me félicite chaque jour. Mes enfants, mon compagnon, ainsi que mes amis.Seule, une de mes amies acessé toute relation avec moi après lui avoir dit monmétier.

Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés dans l’exercice de votre fonction ?

La gestion des hommes, c’est délicat. En plus il y’a le côté diplôme. Vu mon niveau d’étude plus élevé que la plupart de mes collègues, j’ai été nommée magasinière. Ce qui a attisé la colère de certains hommes qui refusent d’avoir une femme comme chef. L’autre défi est de travailler en tant que femme “magasinière”, d’arriver à travailler avec des personnes âgées, de convoquer une réunion avec les manœuvres de jour et veiller à la sécurité des journaliers. Aussi, s’assurer du bon déroulement de tout. Après une journée bien remplie, faire un rapport en bonne et due forme. Cela, de façon quotidienne.

Vous avez été révélée au grand public lors de la cérémonie « le rendez-vous des audacieuses », qu’avez-vous ressentis à cet instant ?

J’étais très contente d’être honorée par l’Agence Ovation et Plus. C’est la première fois pour moi d’être distinguée dans ce domaine. Mais je suis un peuinquiète car, tous les regards sont désormais fixés sur moi et les autres (distinguées). Comment faire pour être à la hauteur pour ne pas décevoir la structure qui m’a honorée. J’y travaille pour garder la barre haute.

En dehors de votre travail de Docker, avez-vous d’autres activités ? Si oui, lesquelles ?

En dehors du métier que je fais, je suis commerçante. Je vends des vêtements pour hommes. Je fais un peu de tout. J’écris des films, entant que réalisatrice.

Vous trouvez-vous féminine ?

(Rires)…bien sûr que je me trouve féminine. Exercer un métier d’homme ne change rien. Je suis à la base une femme. Quand je rentre au Port, je porte mon casque, mes bottes, ma chasuble et je suis sur le terrain. Mais cela ne fais pas de moi un homme. Je suis une femme comblée et épanouie. (Rires)

Une phrase de motivation ?

La Fable « Le laboureur et ses enfants » de Jean de la Fontaine. À la fin de l’histoire, il ya une phrase : “le travail est un Trésor” et cette phrase est une source d’inspiration pour moi. Pour moi, il n’ya pas de travail facile.

Quelle féline êtes-vous ?

Une lionne car, c’est elle qui va à la chasse pour ramener à manger. Moi, je suis plutôt, chercher à me réaliser. Je n’attends pas un homme pour me réaliser. Je suis un apport pour mon homme. Je me bats pour réaliser mes rêve

Marina KONAN