MME REINE K

« ON ENTREPREND POUR LAISSER UNE HISTOIRE DERRIÈRE
SOI ET NON UNIQUEMENT POUR GAGNER DE L’ARGENT »

Spécialisée dans la rééducation capillaire des cheveux texturés à travers sa marque Reine K Beauty , REINE K est une entrepreneure Ivoirienne passionnée et ambitieuse qui épouse parfaitement les caractères d’une tigresse. Discrète et observatrice, avançant de manière stratégique , son engagement va au-delà de la coiffure : elle milite pour l’acceptation et la valorisation du cheveu naturel, tout en bannissant les produits chimiques nocifs comme les défrisants. En seulement trois ans, elle a ouvert trois instituts capillaires à Abidjan, se positionnant comme une référence dans le domaine du lissage en Côte d’Ivoire. Découvrons ensemble dans cette interview un beau parcours inspirant pour toutes celles qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat dans le domaine de la beauté et du bien-être.

1- Quels sont les adjectifs courant que vos proches utilisent pour vous décrire ?

Déjà merci à Féline Webzine pour l’attention et l’intérêt que vous me portez surtout à ma structure Reine K beauty, pour répondre à la question des adjectifs que je peux entendre de mon entourage, il-y-a élégante, j’ai beaucoup entendu très ambitieuse, beaucoup portée sur l’hygiène, maniaque, consciencieuse, motivée, persévérante, créative, féline et généreuse.

2- Comment débute l’aventure Reine K beauty ?

Reine K Beauty est née d’un ras-le-bol de consommer des produits qui ne sont pas adaptés à nos cheveux. Ayant fait des études en chimie, j’ai voulu me lancer dans cette aventure pour aider à réapprendre à aimer ses propres cheveux. De mon côté, j’ai longtemps fait partie de la « team » extensions et perruques, sans réellement prêter attention à mes cheveux naturels. Dès le plus jeune âge, on n’apprend pas à aimer nos cheveux, ce qui crée des complexés et j’en faisais partie. Puis, j’ai été confrontée à une maladie qui m’a fait prendre conscience de l’impact des produits capillaires de grande surface, souvent cancérogènes pour les femmes africaines, notamment les défrisages.

Cela a eu des répercussions dans ma vie personnelle et mon entourage. À cela s’est ajouté le contexte du COVID-19 : je venais d’arriver en France, nous étions confinés, sans possibilité de voyager. De plus, j’étais jeune maman d’une petite fille. Je me suis alors posée une question essentielle : comment lui apprendre à aimer ses cheveux naturels ? C’est ainsi que je me suis plongée dans la recherche en laboratoire, à la quête de formules et de produits adaptés aux cheveux texturés.

3- Pourquoi avez-vous choisi de vous lancer dans la fabrication de vos propres produits capillaires ?

En analysant les actifs et la composition de plusieurs produits capillaires, j’ai constaté qu’ils ne sont absolument pas adaptés à nos cheveux. Les cheveux texturés ont des caractéristiques bien précises, et on ne peut pas leur appliquer des produits conçus pour des cheveux européens. Il n’y a aucune cohérence, et nos cheveux ne répondent pas aux standards du marché européen. C’est pourquoi j’ai choisi d’utiliser des actifs axés sur l’hydratation et la nutrition. Par la suite, j’ai formulé un produit capable de remplacer le défrisage. Mon travail se concentre principalement sur ce domaine, ainsi que sur tout ce qui touche au lissage.

4- Comment avez-vous réussi à créer et développer vos trois instituts à Abidjan ? L’activité est-elle florissante ?

Oui, l’activité est florissante et tout se passe bien, mais il faut aussi en reconnaître les inconvénients. La clé, c’est d’avoir de la rigueur, de la passion et de la discipline, car ce sont ces éléments qui permettent d’atteindre chaque objectif fixé. Par exemple, je me suis donnée pour objectif d’ouvrir un nouvel institut chaque année. Aujourd’hui, j’en ai trois, car cela fait trois ans que je suis à Abidjan. Mais cela demande énormément de rigueur, car ce n’est pas simple. Sortir de sa zone de confort à l’étranger, et en particulier à Abidjan, cela représente un véritable défi.

5- Quels ont été les plus grands défis et les plus grandes réussites dans votre parcours entrepreneurial ?

Mon principal défi concerne le personnel, notamment la difficulté à trouver des collaborateurs qualifiés. Dans ce domaine, beaucoup mettent l’argent en priorité avant la passion, alors que pour moi, travailler avec des personnes passionnées est essentiel. J’ai rencontré des personnes véritablement investies, mais aussi d’autres qui prétendaient l’être, ce qui pose problème. En parallèle, je forme également du personnel, et ce qui m’a frappée, c’est que 90 % des coiffeurs que j’ai rencontré ne connaissent pas réellement le cheveu crépu. Ce n’est pas une exagération. Si vous demandez à un coiffeur quels sont les différents types de cheveux texturés, il vous répondra souvent avec des termes comme cheveu gros grain, ce qui n’est absolument pas professionnel. Beaucoup ne savent même pas sur quel type de cheveu ils travaillent, alors qu’eux-mêmes ont des cheveux crépus. Il y a une vraie incohérence. Cela m’a confirmé que j’étais sur le bon marché.

Et au fil des trois dernières années, j’ai eu la satisfaction de voir l’impact de mon travail : des jeunes mamans venant avec leurs enfants, des grands-mères, des fils prenant rendez-vous pour leur mère, ou encore des hommes encourageant leur femme à ne plus se défriser les cheveux. C’est une immense fierté, car entreprendre, ce n’est pas seulement une question d’argent, c’est aussi laisser une histoire derrière soi. Ma mission de rééducation capillaire éveille les consciences, et c’est ce qui me motive. Voir des petites filles et des jeunes femmes qui, autrefois, n’aimaient pas leurs cheveux, reprendre confiance en elles, c’est une victoire. Leur faire comprendre que chaque cheveu est beau, que le cheveu crépu défie la gravité, qu’il est une véritable couronne naturelle, voilà ce qui compte. Elles pourront toujours porter des perruques en grandissant, mais l’essentiel est qu’elles sachent que leurs cheveux sont magnifiques. C’est une grande réussite pour moi.

6- Quel regard jetez-vous sur les rapports entre femmes entrepreneures ? Pensez-vous que la sororité existe entre les femmes en général ?

Pour moi, la sororité varie d’un continent à un autre. Par exemple, en Amérique, les femmes s’entraident beaucoup. Même lorsqu’elles exercent le même métier, elles sont capables de s’envoyer des clientes, de se soutenir mutuellement et de s’encourager à aller toujours plus haut. En revanche, dans la communauté africaine, c’est souvent plus compliqué. Je ne sais pas exactement ce qui motive cela, mais il y a une certaine réticence à partager, comme si l’on avait peur que quelqu’un d’autre nous prenne notre clientèle. Il est difficile d’admettre que l’autre fait du bon travail, ou de lui donner des conseils, même si nous évoluons dans le même domaine. Pour moi, la sororité féminine existe, mais elle est rare et son expression varie selon les cultures et les continents.

7- Quelle est la particularité de vos instituts par rapport aux autres salons de coiffure ?

Il y a une différence entre un institut capillaire et un salon de coiffure, et chaque établissement a sa particularité. Pour notre part, nous sommes spécialisés dans le lissage, mais nous ne faisons pas de défrisage. Nous avons totalement banni les produits défrisants, ainsi que les colorations noires, car ces produits sont très cancérogènes pour les femmes noires. Notre expertise est axée sur le cheveu texturé naturel, et nous proposons également des extensions américaines. Cela permet aux femmes de traiter et d’entretenir leurs cheveux, même en portant des extensions. Mais surtout, nous voulons leur faire comprendre qu’elles sont belles au naturel, et que leurs cheveux font partie de leur identité capillaire. Il est essentiel qu’elles sachent qui elles sont et qu’elles en soient fières.

Notre mission va bien au-delà de la coiffure : nous travaillons à redonner confiance aux femmes. Chaque cliente a une histoire. Certaines, par exemple, sortent d’une chimiothérapie et ont besoin de conseils sur leurs soins capillaires. Nous passons parfois des heures au téléphone avec elles, et elles témoignent des progrès de leur repousse et de leur santé capillaire. Pour nous, ce n’est pas juste une question de coiffure, c’est un accompagnement, un engagement.

8- Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat, notamment dans le domaine de la beauté et du bien-être ?

Le conseil que je peux donner à cette femme, cette jeune fille et même un enfant, car souvent on entreprend au bas âge c’est d’être rigoureuse, de transformer son rêve en réalité, et aussi de ne jamais écouter le conseil d’une personne qui n’a jamais entrepris dans sa vie parce que des fois ça nous mène en retard, je l’ai bien appris à mes dépens dans mes débuts. Enfin je conseillerai la rigueur, la concentration, la discipline et la foi, le fait de mettre Dieu dans tout ce qu’on fait selon moi, c’est la clé.

9- Quels sont vos projets futurs pour votre marque et vos instituts ? Envisagez-vous une expansion à l’international ?

L’avenir que je souhaite pour REINE K BEAUTY, c’est son expansion, notamment sur le continent africain, qui est ma base. Je propose déjà des formations en Afrique du Nord, et mes produits y sont utilisés. Mon objectif est maintenant de m’implanter au Sénégal, puis de m’étendre en Afrique anglophone, où la mentalité est très différente de celle de l’Afrique francophone. Là-bas, les femmes ont déjà la culture du soin capillaire et un mindset axé sur l’entretien et la valorisation de leurs cheveux naturels.

10- Quel type de Féline êtes-vous, une Lionne, une tigresse, une panthère … ? Pourquoi ?

Je me définirais sur les trois mais plus sur la tigresse, parce que la tigresse est imprévisible, quand je regarde un peu la tigresse elle est un peu dans son coin, elle observe longtemps avant de venir pas comme la lionne qui est dans une tribu. Je suis un peu comme elle qui observe qui prend tout son temps avant de sortir de façon inattendue.

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Ariana

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